Charles Baudelaire

Une Micro-Histoire by Raymond P. Poggenburg


20 I 61 --- Baudelaire répond à Poulet-Malassis qu'il a fini la correction des épreuves des Fleurs du mal ed. de 1861. Dans la dernière bonne feuille il a relevé des fautes (CPl II 127). Au dernier moment avant l'impression finale des Fleurs du mal ed. de 1861, Baudelaire supprime la lettre préface à Veuillot, déjà rédigée (Ruff-Richer 185). [details]

30 VIII 65 --- Poulet-Malassis informe Asselineau qu'il ne voit presque plus Baudelaire, mais qu'il n'en est mécontent à cause de ses défauts de lenteur, d'insistence et de radotage. Baudelaire aura perdu son temps à Bruxelles, ses études consistent à tout faire rentrer dans son parti-pris (Ruff-Richer 19). [details]

8 II 66 --- Le matin, Baudelaire se présente chez Poulet-Malassis, troublé par la nouvelle qu'il a eue par Asselineau. Il semble qu'à Paris court un Baudelairiana inquiétant. Baudelaire demande à son ami s'il y est pour quelque chose, recevant une réponse négative. Poulet-Malassis fait part à Asselineau de cette visite de Baudelaire (Ruff-Richer 21). [details]

19 IV 66 --- A 4h, Poulet-Malassis écrit à Asselineau, décrivant le transfert de Baudelaire, en voiture, par lui et par Stevens, depuis l'Institut jusqu'à l'hôtel où Mme Aupick l'attend. Baudelaire semble aller mieux, s'intéresse aux devantures, au mouvement de la rue. Bien que très porté dans ses idées sur sa propre santé, il peut comprendre toute expression simple émuse par ses proches. Son vocabulaire s'est réduit au monosyllabe: non [peut-être crénom] qui ponctue ses réponses. Poulet-Malassis trouve qu'il ressemble à un quasi-muet. A l'hôtel, après installation au rez-de-chaussée dans une chambre bien aérée, Baudelaire manifeste de la gaieté et semble participer à la conversation. Poulet-Malassis trouve inutile que Banville ait parlé, dans sa lettre à l'Evénement, de la somme de 40.000 francs comme valeur des biens de Baudelaire; il aurait suffi de dire que sa situation était précaire. Le Dr Léon Marcq soigne maintenant Baudelaire, voire exprime un certain optimisme quant à l'amélioration de la condition de Baudelaire. Poulet-Malassis, qui l'a gardé de longues heures, trouve ce sentiment excessif. C'est pourtant Poulet-Malassis qui aurait fait à Baudelaire la connaissance de ce médecin "très aimable et très instruit" (Ruff-Richer 32). Malade lui-même, Emile Deschamps demande à Nadar des nouvelles de Baudelaire (BN2914 ). Baudelaire quitte l'Institut Saint-Jean et Sainte-Elisabeth; il a payé la somme de 100 francs pour son séjour (Kunel B 167). Pendant sa présence, la supérieure se scandalisait et se plaignait des jurons de Baudelaire; elle en déduisait qu'il manquait de religion alors qu'il s'agissant plutôt de souffrance et d'impatience d'être mal compris (EJC 199). Ancelle envoie à L'Institut la somme de 150 francs (CPl I lxxv). Dans le Charivari paraît le démenti de G. Guillemot sur la mort de Baudelaire, ainsi que de Gallois dans l'Union; cette rectification paraît aussi dans le Messager des théâtres et des arts (T ). [details]

22 IV 66 --- Dans le Hanneton, Amédée Blondeau donne une anecdote sur Baudelaire et un médecin marseillais (T ). Emile Blondet, dans la Lune, raconte une anecdote sur le poète {2,3}. Dans sa chronique du Figaro, Charles Yriarte, sous le pseudonyme du Marquis de Villemer, donne des détails des prodromes de la maladie de Baudelaire. Devant l'incapacité des médecins d'en donner leur diagnostique, Baudelaire y voit la preuve de son originalité. Ce texte contient, en conclusion, des louanges pour les qualités personnelles du poète: la dévotion, la loyauté, l'obligeance, surtout la plus haute conscience littéraire <<4|Ruff-Richer|29n>>. [details]

env 22 IV 66 --- Asselineau remercie Poulet-Malassis de sa bonne lettre avec de nouveaux détails sur Baudelaire. La veille, il a dîné chez Ancelle en compagnie de Mme C.-A. Baudelaire. Il l'a trouvée ancienne jolie femme, fort pincée. De plus, elle était incapable de reconnaître en Baudelaire l'illustration de sa famille et son attitude à son sujet était pleine de réticences. Ancelle pourtant, malgré ses étranges confusions au sujet de Baudelaire, était la seuie personne présente qui aimait vraiment Baudelaire selon Asselineau. Ironiquement, il pense que la maladie aurait accountumé tout le monde à parler de Baudelaire avec gravité, une belle revanche pour le poète (Ruff-Richer 34). [details]

26 IV 66 --- Poulet-Malassis informe Asselineau de la publication d'une édition de 60 exemplaires à Bruxelles, il y a un mois, des Epaves. Ces pièces diverses étaient des textes que Baudelaire n'avait pas voulu faire entrer à l'édition définitive des Fleurs du mal ed. de 1857. Dix exemplaires en étaient destinés aux amis mais Poulet-Malassis pensaient qu'ils n'ont pas été envoyés et qu'ils restaient à Paris. De mémoire, il cite les noms des destinaires: Asselineau, Banville, d'Aurevilly, Champfleury, Manet, Flaubert, Sainte-Beuve, Mme Meurice, Monselet. Banville a reçu le sien. Poulet-Malassis promet d'envoyer 10 exemplaires à Paris au courant de mai [en fait, il en enverra 15, ajoutant à la liste les noms de Gautier et Leconte de Lisle]. Changeant de propos il critique sévèrement les deux articles d'Henry de La Madelène au Nain jaune fin avril sur Baudelaire. Il condamne la totalité des écrits sur Baudelaire à ce moment, n'en exceptant que celui de Victor Fournel au Journal de Bruxelles. Poulet-Malassis craint que le dégoût de Mme Aupick pour les créations littéraires de Baudelaire ne la pousse à passer outre contre sa propriété au moment où celle-ci en viendra à être vendue. Vu cela, Poulet-Malassis regrette d'avoir refusé de prendre chez lui la malle de Baudelaire avec ses papiers et ses livres (Ruff-Richer 35). [details]

28 ou 29 IV 66 --- Asselineau fait savoir à Poulet-Malassis qu'il recevra bien volontiers son exemplaire des Epaves. Quant aux autres destinataires, il s'oppose à ce que Barbey d'Aurévilly soit choisi, disant qu'il n'a jamais dit que des sottises sur Baudelaire. Il aurait préféré qu'on en envoie un à Gautier ou à Wallon, un vieux camarade à Baudelaire. Asselineau approuve la note d'Yriarte dans le Monde illustré sur Baudelaire et qualifie d'"imbécillité" l'étude d'Henry de La Madelène. Il juge ce dernier comme seulement un journaliste qui ne connaît rien à la littérature. Asselineau voudrait bien voir sur la liste le nom de Leconte de Lisle. Préault [le sculpteur] envoie à Baudelaire ses salutations par Asselineau et par Poulet-Malassis (Ruff-Richer 37). [details]

1 V 66 --- Poulet-Malassis informe Asselineau de l'envoi de 15 exemplaires des Epaves. Il est d'accord pour Gautier et pour Leconte de Lisle comme bénéficiaires d'exemplaires. Asselineau est autorisé à en choisir d'autres comme il juge convenable de faire. D'Aurevilly devra recevoir son exemplaire sur la seule volonté de Baudelaire, malgré l'avis d'Asselineau. L'état de Baudelaire ne montrant aucune amélioration évidente, il est clair que le malade ne peut pas encore être transporté à Honfleur. Poulet-Malassis, essayant de convaincre Mme Aupick de la valeur littéraire de la poésie de son fils, lui a donné la 5e livraison du Parnasse contemporain contenant des vers de Baudelaire. Elle a dû donc le parcourir et a fini par lire à haute voix pour Poulet-Malassis Recueillement, terminant avec le vers Entends, ma chère, entens la douce nuit qui marche. L'éditeur est frappé par la correction et la sensibilité de cette lectrice, dont la voix rappelle beaucoup celle de Baudelaire. Il se rend compte que cette dame de 72 ans garde bien de la vivacité de sa jeunesse. Toute fois, il trouve cette "jeune vieille" trop frétillarde pour son âge. A moins que Baudelaire ne soit pas en était de quitter Bruxelles, Poulet-Malassis fera un voyage à pied au mois de juin dans le Zélande. A 4h, il rouvre sa lettre, ayant rendu visite à Baudelaire, dont la santé et le morale sont bons. En entendant les noms d'Asselineau et de Préault, le poète n'a rien manifesté: c'est la première fois que Poulet-Malassis ait remarqué une telle réaction chez lui au non d'un ami. Le docteur Marcq a confirmé son impression que l'intelligence de Baudelaire est en baisse, qu'il se réduit peu à peu à la vie végétative. Il sera donc transportable sous peu. Cela décide Poulet-Malassis de s'occuper des affaires littéraires du poète auprès d'Ancelle et de Mme Aupick (Ruff-Richer 38). [details]

25 V 66 --- Asselineau accuse réception du paquet de livres envoyés par Poulet-Malassis. Il en fera la distribution lentement, aux moments où il sera à Paris. Banville a reçu le sien, et a transmis à Asselineau des nouvelles bien tristes sur Baudelaire. Asselineau transmet sans rien y comprendre à Poulet-Malassis la demande de Bracquemond d'une réponse de lui et de Leys (Ruff-Richer 41). [details]

25-30 V 66 --- Asselineau informe Poulet-Malassis que le Dr Blanche a proposé d'aller soigner Baudelaire à Bruxelles, mais qu'il a trouvé bon de refuser. Ce médecin ami d'Asselineau a ensuite proposé d'envoyer chez Mme Aupick un servant accoutumé à soigner les malades. Poulet-Malassis n'aurait qu'à écrire à Passy en son nom, pour traiter des conditions. Pour les poèmes en prose de Baudelaire, Asselineau qu'il y va de la réputation du poète de les faire publier à Paris. Il accepterait qu'ils y soit censurés eux-mêmes, si nécessaire. Sainte-Beuve serait peut-être capable de les conseiller (Ruff-Richer 43). [details]

30 V 66 --- Mme Aupick, avant de répondre à une lettre d'Ancelle sur la date de son retour à Paris avec Baudelaire, écrit à Poulet-Malassis. Celui-ci avait promis de l'accompagner à la frontière belge, d'où elle serait pris en main par Asselineau. Elle craint qu'il y a quelque empêchement possible du côté de l'éditeur et voudrait se rassurer auprès de lui que tout était en place pour ce voyage. Baudelaire s'excite beaucoup ces jours-ci, faisant des scènes sans cesse renouvelée. Mme Aupick se dit écoeurée d'apprendre que non seulement Emon et Asselineau, mais surtout Poulet-Malassis soit persuadés que l'état de Baudelaire nécessite pour lui une maison de santé. Pour elle, Poulet-Malassis devrait en penser autrement, étant donné qu'il connaissait mieux que les autres les bonnes possibilités du malade. Si pourtant cette solution s'imposait éventuellement, Mme Aupick voudrait que la maison de santé choisie serait celle du Dr Blanche, qui l'aimait (Ruff-Richer 44). [details]

2 VI 66 --- Dans le Nouvel Illustré, Monselet annonce qu'on a l'intention de ramener Baudelaire à Paris (T ). Poulet-Malassis avertit Asselineau que les médecins jugent les circonstances favorables pour emmener Baudelaire. Poulet-Malassis n'ira que jusqu'à la frontière belge, de peur d'effrayer Mme Aupick en allant jusqu'à Neuilly. Poulet-Malassis serait content de voir Asselineau accompagner Ancelle à leur rencontre. Il préconise une réunion entre Ancelle, Asselineau et lui pour parler de l'édition des oeuvres de Baudelaire. Le paiement des dettes de Baudelaire a mis leur finances en difficulté, et Poulet-Malassis voit la nécessité d'un compartiment, lequel coûterait cher. Il prie Asselineau d'aller demander une subvention auprès de la Société des Gens de Lettres. Son président honoraire, Francis Wey, est susceptible de les aider. Stevens s'occupe d'avoir une diminution des frais jusqu'à la frontière belge. Ce jour Mme Aupick et Baudelaire attendaient Stevens pour dîner mais le mauvais temps les a forcé de le décommander (Ruff-Richer 47, 51). [details]

env 2 VI 66 --- Mme Aupick annonce à Poulet-Malassis son espoir qu'ils auront un compartiment de train en première classe de Bruxelles jusqu'à Paris. Elle joint une lettre d'Ancelle qui l'informe de ce développement. Ce dernier voudrait que ce soit Poulet-Malassis qui fasse cet arrangement avec M. Castel, secrétaire de la Compagnie du Chemin du Nord 18, rue de Dunkerque. On se propose de partir samedi matin à 9h. Il n'y aura de prix réduit pour trois personnes mais Mme Aupick payera celle qui reste au prix normal. Elle n'aura besoin de M. Ancelle qu'à sa descente à la gare "pour protéger [son] débarqué (Ruff-Richer 48). [details]

7 VI 66 --- Poulet-Malassis décrit pour Asselineau sa visite de la veille chez Baudelaire. Il y voit la preuve que les deux caractères de Mme Aupick et son fils rendent très difficile leurs possibilités de vivre ensemble. En ce qui concerne l'impression des oeuvres de Baudelaire, Poulet-Malassis pense qu'Asselineau doit examiner les poèmes en prose, qu'il appelle fort accessoire. Pourtant, eux et les Fleurs du mal ed. de 1857 sont l'attrait principal pour un future libraire parisien. Le reste des matières n'auront pas grande chance de faire de gros bénéfices. Ces deux livres sont tout le bagage poétique de Baudelaire selon Poulet-Malassis. Pauvre Belgique est un capharnaüm de notes, dit-il. Poulet-Malassis verrait avec plaisir cette affaire prise en main par un libraire parisien sérieux. Sinon, il reste disponible à la prendre, car il reconnaît la nécessité de cette publication {1,2}. [details]

vers le 10-11 VI 66? --- Asselineau déclare à Poulet-Malassis que Baudelaire ne souffre certainement pas de la folie, que l'on de devrait en aucun cas le confier à l'établissement du Dr Blanche. Asselineau trouve touchant mais puéril ou senile le sentiment maternel pourtant, ayant assisté à la lecture de plusieurs de ses lettres. Surtout l'idée qu'elle a d'avoir récupéré son enfant en l'adulte qu'il est devenu, après de longues années de séparation. Il voit dans cette sentimentalité un signe que Mme Aupick insistera pour le garder au lieu de le confier à Poulet-Malassis ou à lui. Mais les améliorations de santé physique et intellectuel chez Baudelaire le font pensé qu'ils n'ont pas besoin de hâter la décision sur la publication de son oeuvre. A ce sujet il trouve juste que Poulet-Malassis puisse partager les bénéfices d'une vente, faisant valoir des soins et des sacrifices faits par Poulet-Malassis en faveur de Baudelaire depuis si longtemps. Il conclue donc que Poulet-Malassis devrait publier quand et ou il veut à Paris les Fleurs du mal ed. de 1857 et les poèmes en prose. Plus tard il pourra traiter pour le reste, peut-être avec Lévy (Ruff-Richer 54). [details]

vers le 25 VI 66 --- Peu de jours avant son départ pour Paris, Baudelaire a manifesté une grande lucidité qui surprend Poulet-Malassis. Il se souvient de diverses choses minutieuses: qu'il avait une montre au mont-de-piété, une passe de circulation jusqu'à Paris, des petites dettes d'amis, de restaurants ou de cafés à Bruxelles. Des manuscrits de poèmes en prose, resté chez le copiste, lui ont fait le sujet d'une grande nervosité jusqu'à ce qu'il ait pu les signaler à Poulet-Malassis, qui les a récupérés (Ruff-Richer 58). [details]

27 ou 28 VI 66 --- Baudelaire dîne dans la chambre de Poulet-Malassis la veille de son départ. Il est alerte, remarque les nouveaux objets de curiosité achetés depuis sa dernière visite, les commente intelligemment. Poulet-Malassis l'encourage à mettre en ordre ses travaux avec un ami en attendant de se remettre au travail. Un besoin pressant serait d'imprimer la nouvelle édition des Fleurs du mal ed. de 1857, toute prête et vue par Poulet-Malassis dans la malle. Poulet-Malassis a l'impression que, quoi qu'on lui dise au sujet, Baudelaire résistera fortement à la décision d'imprimer son oeuvre faite par les autres. Il espère retrouver sa santé spirituelle. Poulet-Malassis y voit la preuve de la ténacité morale de Baudelaire, qu'ils avaient toujours connue. Lorsque Baudelaire fut transporté à "l'hôpital" [l'Institut Saint Jean et Sainte Elizabeth?] Poulet-Malassis a fait sa malle. A ce moment, dit-il, il a vu la nouvelle édition des Fleurs du mal ed. de 1857 prête à imprimer. L'éditeur remarque le peu de publications par Baudelaire lors de son séjour belge (Ruff-Richer 58). [details]

5 VII 66 --- Asselineau fait parvenir à Poulet-Malassis l'adresse de Baudelaire, chez le Dr Duval, 1, rue du Dôme, rond-point de l'Arc de Triomphe. Lorsque Baudelaire n'est pas exaspéré par Mme Aupick ou par Aimée, il semble â Asselineau être parfaitement lucide, intelligent et calme. Mme Aupick retournera bientôt à Honfleur, s'étant rendu compte de ce que sa présence rendait irrité son fils. Baudelaire a bien traité Asselineau et parle maintenant, de Poulet-Malassis. Mme Aupick porte ce dernier aux nues. Il s'agit maintenant de trouver une subvention ministérielle pour Mme Aupick. Ancelle entend faire une demande sans lui en parler. Sainte-Beuve va aider. Baudelaire ne veut plus entendre parler de publication de son oeuvre, Asselineau voudrait en avoir l'avis de Poulet-Malassis. Baudelaire, qui attache une grande importance à sa malle, a refusé de la faire porter dans le grenier. Asselineau se demande si c'est là que sont ses papiers <<2|Ruff-Richer|57>>. [details]

7 VII 66 --- On donne, anonymement, dans la Petite Revue, l'anecdote sur les douze habits noirs de Baudelaire (BJ 90). Poulet-Malassis raconte pour Asselineau les détails des moments qui ont précédé le départ de Baudelaire de Bruxelles (Ruff-Richer 58). [details]

8 VII 66 --- Depuis le 8, rue Duphot, Mme Aupick écrit à Asselineau, ne sachant pas où il se trouve. Elle a eu avec son fils de la difficulté à lui faire enlever ses pantoufles pour qu'elle aille lui en acheter des nouvelles. Il refuse nettement de le permettre et fait une colère contre elle quand elle essaye de persister. Elle voudrait qu'Asselineau aille le voir pour réussir cette opération car elle craint qu'il ne blesse ses pieds dans le jardin en portant ces pantoufles trouées. Lasègue, qui est allé voir Baudelaire, l'a trouvé mieux et recommande pour lui des bains tièdes. Mme Aupick rend visite tous les après-midis à son fils, sauf quand elle est malade. M. Duval serait content si d'autres amis venaient pour le voir. Il voudrait que Baudelaire entende parler et qu'il s'exerce (Ruff-Richer 61). [details]

11 VII 66 --- Mme Aupick suggère à Poulet-Malassis que Baudelaire serait désireux de recevoir les visites de Sainte-Beuve, Maxime du Camp, Henry de la Madelène, Banville, Hetzel et Leconte de Lisle (EJC 201n). Champfleury écrit à Mme Paul Meurice pour lui parler de la condition du poète, entré depuis quelques jours dans la maison de santé Duval. Champfleury révèle que Baudelaire est très sensible aux fleurs et à la musique et suggère que Mme Meurice se rende rue du Dôme pour y jouer du piano devant Baudelaire (CatRonaldDavis 11). Quelques jours après l'installation de Baudelaire dans la maison de santé du Dr Duval, Champfleury lui rend visite. Il trouve Baudelaire, qui reconnaît ses amis, d'une forte vitalité, sensible à la musique et aux fleurs mais impatient de son incapacité de parler. Champfleury écrit à Mme Paul Meurice pour suggérer qu'elle se rende auprès de leur ami pour lui jouer du piano. Avant de lui faire cette suggestion, Champfleury en parle à Baudelaire, qui la reçoit avec enthousiasme, surtout l'idée de jouer ces morceaux de Tannhäuser {2}. Mme Aupick, écrivant du 8, rue Duphot ("maison meublée"), précise pour Poulet-Malassis l'adresse de Baudelaire chez le Dr Duval rue du Dôme. Elle explique que son fils y est bien, qu'il y a chez lui un mieux. Le poète occupe une chambre au rez-de-chaussée donnant sur un jardin. A l'intérieur, les murs portent des copies de tableaux d'après Goya. Ces images enchantaient Baudelaire mais le Dr n'y voyaient rien de beau. Si on le trouve doux et poli, sa colère contre Aimée, la servante de Mme Aupick, persiste. Depuis la jour de l'installation de Baudelaire, Mme Aupick n'a jamais revu Asselineau. Baudelaire a accueilli avec joie les noms, comme visiteurs, de Sainte-Beuve, de Maxime Du Camp, d'Henry de La Madelène, de Banville, d'Hetzel et de Leconte de Lisle. Mme Aupick a écrit à Sainte-Beuve et à Du Camp. Elle sera contente si Poulet-Malassis écrit à des amis de Baudelaire pour les prier de venir le voir (Ruff-Richer 62). [details]

23 VII 66 --- Mme Aupick donne soixante pilules à Baudelaire, qui doit en prendre une par jour (Auzas 226). Toujours rue Duphot, Mme Aupick annonce à Poulet-Malassis un mieux sensible dans la santé de Baudelaire. Mais elle doit subir chez lui de terribles colères, souvent au sujet des Epaves, dont il voudrait parler mais que sa maladie l'empêche de discuter. Après l'un de ses emportements, le Dr Duval la conseille de suspendre ses visites à son fils, ce qu'elle ne fait que partiellement. A la prochaine, Baudelaire est plus affectueux pour elle. Elle est contente de savoir qu'elle pourra partir pour Honfleur sachant que Baudelaire est en bonnes mains, recevant des visites d'amis et logé près du domicile d'Ancelle (Ruff-Richer 64). [details]

24 VII 66 --- Mme Aupick part pour Honfleur. La veille, elle laisse à Baudelaire 60 pilules de purgatif, assez pour deux mois (Ruff-Richer 64, 65). [details]

début VIII 66 --- De passage à Paris, Emon passe voir Baudelaire. Celui-ci se plaint de ses dents et on le conseille d'en faire arracher une. Mais cette idée fait se récrier Baudelaire, qui a les dents superbes et très saines. Une névralgie de bouche a suivi sa paralysie pourtant et il souffre des gencives en mastiquant. Mme Aupick se souvient qu'à Bruxelles on lui a ordonné un calmant pour cela; elle en a écrit au Dr Duval. Emon rapporte à Mme Aupick l'avis du Dr Duval qui tient à ce qu'elle se tienne loin de son fils, afin de lui éviter l'excitation de sa présence. Asselineau rend visite à Baudelaire (Ruff-Richer 65). [details]

18 VIII 66 --- Dans le Monde illustré, Pierre Véron annonce que Baudelaire "sombre dans la paralysie" (T ). D'Honfleur, Mme Aupick écrit à Poulet-Malassis pour dire son admiration devant lui qui, tout malade qu'il est, continue à s'occuper de Baudelaire comme il fait. Baudelaire continue à aller mieux quant à sa paralysie mais non pas pour sa parole. Il jouit des douches qu'il prend, montre beaucoup de calme, d'amabilité, reçoit des visites tous les jours. Il s'est lié avec quelques autres pensionnaires et semble se plaire à la vie en commun. Tous ces renseignements sont communiqués par Duval et Ancelle. Une dame, sans doute Mme Paul Meurice, est venue le voir et lui a fait de la musique. Suivant les conseils d'Asselineau, Mme Aupick avait écrit à Mme Meurice dans ce sens. Asselineau est toujours à la campagne, sauf pour le vendredi, qu'il vient à Paris (Ruff-Richer 69). [details]

26 VIII 66 --- Dans la Lune, Emile Blondet donne un sonnet "à la façon de Baudelaire" (BJ 96). La veille de son départ pour la Suisse, Ancelle se rend en visite chez Baudelaire. Leur longue conversation a porté sur les vêtements nouveaux que voudrait Baudelaire, surtout un paletot. Ancelle a écrit tout de suite à son tailleur de venir prendre des mesures et lui a recommandé de demander M. Moreau, celui des pensionnaires que Baudelaire voit le plus. Baudelaire aurait réclamé ses vêtements plus tard à Asselineau, qui n'y comprenait rien avant une explication de Mme Aupick. Lors de la visite d'Ancelle Baudelaire a essayé de communiquer par gestes un besoin qu'il ressent. Il montrait son oreille et son col. Parlait-il de son oreiller, trop dure? Personne ne pouvait deviner. Pendant une autre visite, il s'était mis à deux fois à genoux et leur a montré sa bouche avec sa main, puis a dirigé son bras du côté du jardin. Le mystère reste entier, pour Mme Aupick et pour ceux qui entourent Baudelaire (Ruff-Richer 71). [details]

IX? 66 --- Poulet-Malassis informe Asselineau qu'il a composé une introduction aux oeuvres satiriques de Corneille Blessebois, pour un libraire bruxellois. Cette étude révèle pour la première fois la jeunesse de l'écrivain. L'intérêt du personnage réside plutôt dans la rareté de ses ouvrages que dans sa valeur littéraire. Il manque à Poulet-Malassis des nouvelles de Baudelaire. Stevens lui dit, après un voyage à Paris, que Baudelaire est invité souvent chez les Nadar pour dîner. Eux trouvent qu'il perd peu à peu la mémolire. Mme Aupick n'écrit plus de lettres "pleines de l'esprit de conformité" à Poulet-Malassis (Ruff-Richer 74). [details]

3 IX 66 --- Poulet-Malassis se plaint à Asselineau de sa mauvaise santé pendant cette année, ainsi que de ses déboires financières. Il a perdu à peu près tout ce qu'il a gagné depuis deux ans, somme peut-être petite pour le monde, mais beaucoup pour lui. Brochant sur le tout il a eu une violente cholérine [un faux choléra]. Poulet-Malassis ne voit aucun espoir pour Baudelaire; il trouve que son état actuel de santé est le meilleur qu'il peut espêrer. Ses rares amis, selon Poulet-Malassis, ont le devoir d'adoucir comme il peuvent la demi-existence qu'il lui reste. Il regrette beaucoup d'être absent de Paris et appelle Asselineau de le remplacer auprès de Baudelaire. Surtout il faudra travailler pour conserver à Baudelaire sa mémoire. Il ne saurait être question de publier les oeuvres complètes de Baudelaire tant qu'il garde son intelligence au degré qu'il l'a conservée. Sinon, il faudrait les publier telle quelle, chose inadmissible quant à Poulet-Malassis pour le livre qui assurera la renommée de Baudelaire. Mais l'éditeur préfère avoir une édition des Fleurs du mal ed. de 1857 pour l'heure actuelle ce qui manque en librairie. Cela protégera le poète contre une opinion publique qui le dirait fini. Poulet-Malassis cite ses droits dans la question d'une nouvelle édition, faisant valoir ses traités avec Baudelaire, antérieurs à tous les autres que, follement, il aurait pu faire passer après cet engagement. Pour cela. il verrait bien une édition à Paris de 1500 exemplaires, à un prix de 3 francs, avec 40 c par exemplaire donnés par le libraire et imprimée par Râçon afin de correspondre à la dernière [celle de 1861]. Poulet-Malassis pense qu'Ancelle donnera l'autorisation de traiter pour cette édition, et qu'il ne faudrait pas en parler à Baudelaire, parce qu'il n'est pas capable d'exprimer ses intentions dans une telle affaire. Poulet-Malassis s'attend cette semaine à une double saisie. Dimanche il ira chez Rops pour se reposer huit jours de "ces chaudes alarmes" (Ruff-Richer 69). [details]

4 IX 66 --- Mme Aupick jubile à Asselineau au sujet de huit mots nouveaux prononcés par Baudelaire. Mais son incapacité de parler peut toujours créer des problèmes. Elle raconte pour Asselineau les difficultés qu'Ancelle a eues pour le comprendre [v. lettre du 26 VIII]. Mme Aupick pense qu'Asselineau, qui comprend mieux que personne Baudelaire, pourrait peut-être le percer l'énigme. Elle approuve le fait que Baudelaire travaille sur ses Epaves mais craint bien les suites de sa maladie pour sa vie de poète. Mme Aupick autorise Asselineau à parler à Baudelaire de Mme Baton, une de ses plus vieilles amies qui est venu le voir en apportant des belles fleurs. Cela a plu à Baudelaire, qui s'est montré charmant pour cette personne. Il a reçu récemment Nadar et son épouse, aussi Champfleury. Sa mère voudrait qu'Asselineau encourage tout ceux qui sont susceptibles de faire de ces visites à Baudelaire, les appelant actes de charité. Elle se dit prête à envoyer à Asselineau tous les manuscrits de Baudelaire et demande s'il voudrait recevoir toutes les revues où il a publié et qu'il gardait. Elle juge qu'il y en a immensément [c'est elle qui souligne] (Ruff-Richer 71). [details]

env 5 IX 66 --- Asselineau sympathise avec Poulet-Malassis au sujet de sa mauvaise santé et ses déboires en affaires. Lui aussi se plaint de difficultés financières. Il voit Baudelaire tous les vendredis mais ne peut remarquer aucun progrès dans sa guérison. Asselineau doute de la science médicale du Dr Duval. Son grade d'officier de santé n'autorise aucunement son optimisme à propos de l'état de Baudelaire. Celui-ci se félicite d'une amélioration des mouvements du bras droit. Récemment, Baudelaire lui a parlé pour la première fois de la publication de ses oeuvres, semblant désirer placer le tout chez Michel Lévy. Asselineau s'en occupera auprès de cet éditeur. De son côté, Asselineau trouve des ennuis avec Pincebourde pour son livre Mélanges tirés d'une petite bibliothèque romantique. Baudelaire a reçu avec une grande sensibilité les nouvelles mélancoliques de Poulet-Malassis que lui a communiquées Asselineau (Ruff-Richer 75). [details]

12 IX 66? --- Répondant à Asselineau, Mme Aupick l'informe que le Dr Duval vient de lui apprendre que Baudelaire prononce même des phrases, telles que la lune est belle (Ruff-Richer 74). [details]

27 IX 66 --- Poulet-Malassis félicite Asselineau sur ses publications sur Furetière et sur la caricature antique. Pour l'édition des poèmes en prose de Baudelaire, Poulet-Malassis trouve chimérique les projets d'Asselineau. Il pense que, même en bonne santé intellectuelle, Baudelaire n'aurait jamais pu en venir à bout. Il y en a 70 d'écrits mais d'une qualité inégale. De plus, il en manque 28 sur les cent que Baudelaire aurait voulu faire pour choisir ceux du volume éventuel. Pour sa critique littéraire, il y en a dont il n'a écrit que les titres, telle "Chateaubriand, chef de file des Dandys". Les curiosités esthétiques présentent les mêmes problèmes. Toute la matière de ces volumes, telle qu'elle est, est à Honfleur. Poulet-Malassis craint les complications entourant la formulation d'une entente avec Baudelaire pour ces publications. Poulet-Malassis observe que Baudelaire, avant son aphasie, s'occupait beaucoup à chercher à faire un traité pour ses oeuvres, mais n'arrivait pas à terminer les volumes pour lesquels il voulait traiter. Pendant les six mois qui ont précédé son accident, Baudelaire était d'une incapacité d'écrire vingt lignes quelconques, selon Poulet-Malassis. En deux ans à Bruxelles il n'a fait qu'une dizaine de brefs poèmes en prose et Les Bons Chiens. En tout, 15 à 20 pages. Un traité avec Levy ou un autre est impensable. Baudelaire n'aura, selon Poulet-Malassis, pas d'édition d'ensemble de son vivant. L'éditeur répète son jugement que seule une édition des Fleurs du mal ed. de 1857 serait de mise, et immédiatement. Ce serait la manière d'avoir le consentement facile du poète, convaincu par la promesse d'une édition ultérieure de ses oeuvres. La malle se trouvant à Honfleur [jamais retrouvée] contient toutes les matières de cette nouvelle édition. Poulet-Malassis observe qu'une telle édition manque depuis une année chez les libraires parisiens (Ruff-Richer 77). [details]

22 XI 66 --- D'Honfleur, après un séjour de trois semaines à Paris où elle a vu Baudelaire, Mme Aupick donne à Poulet-Malassis des nouvelles de son ami. Elle a pu constater que sa jambe est guérie, mais qu'il lui reste de la raideur dans le bras droit et dans la main. Malgré une lenteur du développement de la parole, il a pu prononcer quelques mots à table, ce qui la fait penser à un progrès possible. Elle est découragée toutefois par son incapacité à lire, il ne connaîf même pas ses lettres. Elle attribue cela à une paralysie qui lui aurait gagné son oeil droit. Son progrès est pourtant réel depuis le début. Elle voudrait des nouvelles de sa santé, n'ayant rien entendu de lui depuis le mois de septembre et fait la même demande pour Stevens (Ruff-Richer 80). [details]

6 XII 66 --- Mme Aupick demande des nouvelles de Baudelaire par Asselineau. Souffre-t-il encore de son oeil droit? S'exerce-t-il à écrire de la main gauche? Peut-il lire? Chauffe-t-on maintenant? Dit-il des mots nouveaux? Quels sont les progrès remarqués par Asselineau? Elle craint que Baudelaire ne comprenne pas pourquoi elle reste si loin de lui à Honfleur. Mais une double installation lui serait trop onéreuse. Il y a un mois Poulet-Malassis lui a écrit pour dire qu'il partait pendant une quinzaine pour remettre sa santé et sans doute aussi pour son moral car il était triste, découragé et ennuyé de la vie. Piogey, à qui elle a demandé des nouvelles de son fils, n'a pas répondu: elle s'accuse d'avoir eu trop d'indiscrétion en l'importunant par ses questions (Ruff-Richer 81). [details]

29 XII 66 --- Poulet-Malassis décrit sans pitié pour Asselineau sa mauvaise opinion de Pincebourde à propos d'un exemplaire de la Bibliothèque romantique de son ami qu'il lui a offert "sali" de son ex-dono. Pour le livre lui-même Poulet-Malassis n'a que des compliments à son auteur. Mais pour la typographie, Poulet-Malassis y trouve des "incongruités choquantes" dués à "l'économie pincebourdienne". Par exemple, le sonnet de Baudelaire [Le Coucher du soleil romantique] est imprimé au verso d'une page au lieu du recto (Ruff-Richer 83). [details]

5 I 67 --- Lettre de Mme Aupick à Asselineau. Ce dernier et Ancelle envisagent le départ de Baudelaire de la maison de santé Duval mais Mme Aupick ne se sent pas capable de participer à une telle décision et délègue à ses deux amis cette responsabilité (Auzas 229). Mme Aupick informe Asselineau qu'Ancelle l'a mise au courant d'une possibilité que Baudelaire puisse quitter la maison Duval [pour la rejoindre à Honfleur]. Sachant qu'il est très occupé, elle le prie de ne pas chercher le temps de lui écrire, Ancelle ayant pris cette responsabilité. Tout compte fait, elle est soulagée de ne pas avoir à faire le voyage à Paris par un temps d'hiver (Ruff-Richer 83). Dans la Vogue, Théodore de Grave qualifie Baudelaire de "pauvre et cher poète" (T ) [details]

13 I 67 --- Mme Aupick cite pour Asselineau le texte d'une lettre qu'elle a reçue d'Ancelle. Il décrit la discussion entre le notaire et Baudelaire au sujet du transfert de Baudelaire à Honfleur chez sa mère. Enfin Baudelaire refuse, tristement, cette idée; abandonnée également est l'idée de l'envoyer à Nice. Soupçonnant qu'Asselineau trouverait Ancelle ennuyeux, Mme Aupick déclare qu'il a été un père pour Baudelaire et une aide pour elle et le prie de le supporter pour eux (Ruff-Richer 85). [details]

14 I 67 --- Lettre [perdue] d'Asselineau à Mme Aupick à laquelle elle n'a pas répondu par discrétion. Asselineau a fini par convaincre Baudelaire qu'il ne devait pas faire le voyage de Nice (Ruff-Richer 87). [details]

24 I 67 --- Dans Figaro, H. de Sandemoy déplore l'influence de Baudelaire sur la jeunesse littéraire (T ). Poulet-Malassis informe Asselineau que les nouvelles de Baudelaire qu'il a eues par Troubat sont conformes à celles transmises par Asselineau lui-même. Aucune amélioration mentale n'est possible. Poulet-Malassis promet à Asselineau son exemplaire de De tribus impostoribus chez Lacour de la bourse à Paris (Ruff-Richer 86). [details]

6 II 67 --- D'Honfleur Mme Aupick remercie Asselineau de sa lettre du 14 janvier où elle apprend qu'il a pu décider Baudelaire contre un voyage à Nice. Sinon, elle aurait senti la nécessité de l'y accompagner, elle qui n'avait pas les fonds nécessaires pour un tel voyage. Elle aurait dû faire un emprunt sur sa maison, diminuant ainsi l'héritage de son fils. Elle décrit des maux d'estomac dont Baudelaire a souffert, disant qu'elle lui avait envoyé des pilules qu'il avait utilisées à Bruxelles et auquelles il tenait beaucoup. Elle évoque une conférence de Baudelaire avec Michel Lévy à la maison de santé. Baudelaire y a prétendu qu'il ferait lui-même la préface de son livre. Cela avait fait penser Asselineau à ce moment qu'il guérirait. Mme Aupick demande s'il est toujours de cet avis. Au cas où Baudelaire viendrait vivre avec elle, Mme Aupick craignait qu'il serait ennuyé plus que dans la maison de santé (Ruff-Richer 87). [details]

13 II 67 --- Mme Aupick apprend avec un vif plaisir la nouvelle que Baudelaire voudrait venir auprès d'elle à Honfleur et remercie Asselineau de la lui avoir annoncée. Mais le mauvais temps qui sévit rend douteux un tel séjour pour son fils. La lettre d'Asselineau l'a informée que l'état de santé de Baudelaire est stationnaire (Ruff-Richer 89) [details]

17 II 67 --- D'Honfleur, Mme Aupick avertit Poulet-Malassis que l'ennui gagne Baudelaire et qu'Asselineau trouve qu'il serait bien que Baudelaire vienne à elle. Elle le recevra très volontiers dès que le temps sera moin mauvais. Au passé, quand il venait à Honfleur, la solitude l'arrangeait bien, il lisait beaucoup, et ils passaient leurs soirées à travailler ensemble sur la prononciation seulement de l'anglais. Baudelaire savait mieux qu'elle la langue. Or maintenant, sans pouvoir lire et obligé de passer ses soirées avec une vieille personne, Baudelaire risquerait s'ennuyer fort, pense-t-elle. Elle prie Poulet-Malassis de saluer pour elle Stevens et le docteur Marcq (Ruff-Richer 90) [details]

25 II 67 --- Mme Aupick partage avec Asselineau ses inquiétudes sur le silence du notaire à propos du voyage de Baudelaire à Honfleur, car elle n'a pas de nouvelles depuis dix jours (Auzas 230). Elle déclare qu'elle n'entend rien d'Ancelle sur le désir de Baudelaire de venir à Honfleur. Elle souffre de sa perplexité quant à ce projet et voudrait en être prévenue à l'avance si Baudelaire va venir. Mme Aupick demande si Baudelaire devrait faire à Honfleur de l'hydrothérapie, s'il a vraiment pu lire un petit billet qu'elle lui avait envoyé, comme lui a dit Ancelle. S'il lit, elle pense qu'il serait sauvé de l'ennui chez elle [fragment d'une lettre] (Ruff-Richer 91) [details]

18 V 67 --- Quelques jours avant son départ pour Paris, Mme Aupick écrit à Asselineau son espoir de le voir lors de sa présence à la capitale. Malgré ses douleurs de jambes, il faudra bien qu'elle vienne voir son fils à Paris, car il n'est pas en état de venir chez elle. Paris est très encombré à cause de l'Exposition de 1867. A cause de cela et aussi vu le prix excessif du loyer elle ne restera que 15 jours. Baudelaire a exprimé le désir de voir Manet mais elle ne connaît pas son adresse pour le lui écrire <<2|Ruff-Richer|92>>. [details]

VIII 67 --- Asselineau donne à Poulet-Malassis de mauvaises nouvelles de Baudelaire. Son mal se précipite; il n'a pas pour un mois de vie. Depuis deux ou trois mois Baudelaire n'a pas voulu quitter son lit, immobile et comme endormi. Il a perdu l'usage de ses mains. Albert le veille la nuit, dévoué ami de jeunesse de Baudelaire. Baudelaire a une plaie aux reins qui menace de devenir gangréneuse. Asselineau se fait des soucis pour la publication des oeuvres de Baudelaire et entend associer Banville à cette tâche (Ruff-Richer 93). [details]

13 VIII 67 --- Poulet-Malassis àssure Asselineau qu'il est de son avis et qu'il faudra songer au monument littéraire de Baudelaire, ses oeuvres complètes. Il explique pour son ami ses propres droits sur cette publication: en 1865 il a rendu leurs traités et reconnaissances d'une dette de 6500. Baudelaire considérait le surplus de cette dette comme sacré, il entendait qu'il soit payé sur son bien s'il en venait à mourir ou par sa mère s'il décédait avant elle. Aujourd'hui Poulet-Malassis est pleinement propriétaire des Epaves, qui consistent en des matières que Baudelaire considère des hors d'oeuvres. Poulet-Malassis évoque encore, pour Asselineau, son avis que la malle se trouvant à Honfleur contient le matières de la troisième édition des Fleurs du mal ed. de 1857, arrangée à cet effet par Baudelaire. Dans cette même malle, que doit recevoir Asselineau de Mme Aupick, se trouve une collection d'eaux-fortes et dessins d'Alphonse Legros appartenant à Poulet-Malassis, qu'il voudrait ne pas perdre. Avant de partir en Belgique, Baudelaire la lui a laissée contre des faïences de Delft, en promettant de la donner à Poulet-Malassis à son retour en France. Poulet-Malassis tient à retrouver un portrait de lui par Duran qu'il trouve assez bon. Poulet-Malassis a classé toute sa correspondance avec Baudelaire, trop remplie selon lui d'affaires d'argent pour être publiée. Mais l'éditeur possède toutes les lettres à Baudelaire à propos des Fleurs du mal ed. de 1857. Flaubert, Custine, Paul de Molènes, Sainte-Beuve [très belle lettre] y sont représentés. Baudelaire avait l'intention d'en joindre quelques-unes à la version définitive des Fleurs du mal ed. de 1857, surtout celle de Sainte-Beuve. Poulet-Malassis propose de venir à Paris pendant 48 heures pour discuter avec Asselineau de toute chose regardant la publication de cette édition. Il approuve l'idée d'Asselineau de s'adjoindre Banville pour le travail sur l'édition. Egalement approuvé par lui est le choix de Michel Lévy comme éditeur, Baudelaire lui-même ayant voulu s'adresser à lui en dernier lieu. Mais si c'est Lévy, celui-ci aurait à régler le problème du traité pour 1500 francs avec Hetzel pour prix de ses oeuvres. Le traité que possède de son fils avec Poulet-Malassis servirait à Mme Aupick à s'en prévaloir contre Hetzel (parce qu'antérieur) mais Poulet-Malassis doute que cette femme honnête s'en servirait <<2|Ruff-Richer|94>>. [details]

31 VIII 67 --- Nadar fait savoir à Villemessant que Baudelaire agonise. Il offre d'écrire dans Figaro la vérité sur le poète. Cet article paraîtra le 10 septembre (CatBN57 103). Vers 11h du matin, Baudelaire meurt à la maison de santé Duval, après une agonie longue, mais douce et sans souffrance (EJC 106). Avec Les Bons Chiens, la Revue nationale commence la publication de la dernière série des Petits Poèmes in prose (Crépet A 157). Asselineau rédige une note pour la presse au sujet de son ami mort (PPP 28). Le soir, Asselineau et Nadar composent un faire-part portant ce texte: "M. Charles Baudelaire, auteur des Fleurs du Mal et des Paradis artificiels, le traducteur d'Edgar Poe, est mort ce matin. - Le service aura lieu à l'église Saint-Honoré de Passy (place de l'Hippodrome) à 11h très-précises, lundi 2 septembre". Ces faire-part ont été envoyés aux amis du poète (BN294 ). Baudelaire fut assisté dans ses derniers moments par l'abbé Miramon (Taylorian Institution, Oxford University, dossier Féli Gautier: lettre d'Ancelle à Féli Gautier). Mme Aupick, là depuis un moment, a pu recueillir le dernier soupir de Baudelaire, son dernier regard. Pour elle il est mort en souriant, tout doucement (Adhémar A 91). [details]

3 IX 67 --- Figaro rapporte le fait qu'Alfred d'Aunay a vu le corps de Baudelaire (T ). A. Vitu, dans l'Etendard, révèle que l'assistance à la chapelle comprenait: Jean Wallon; Banville; Asselineau; Champfleury; Monselet; Nadar; Veuillot; A. Houssaye; Th. Silvestre; A. Stevens; le Dr Piogey; Vitu lui-même. Ancelle conduit le cortège. Vitu remarque également la présence, entre beaucoup d'autres hommes de lettres et artistes, de: Houssaye fils; Manet; Bracquemond; Pothey; Fantin-Latour; Verlaine; Calmann-Lévy; Ducessois; Lemerre (T ). Des articles nécrologiques paraissent dans: l'Avenir national, d'A. Desonnaz; dans le Précurseur (Anvers); dans Liberté, par Georges Sauton; dans l'Univers, par Louis Veuillot (BJ 22--102). Victor Noir, dans le Journal de Paris, donne une notice. Dans la Revue de poche, l'Indépendance belge, le Pays et le Constitutionnel paraissent des articles anonymes. C'est dans le Constitutionnel qu'est publiée l'annonce de la famille (Ruff-Richer 99). Poulet-Malassis exprime à Asselineau son angoisse en apprenant la mort de Baudelaire. Il voudrait avoir l'adresse de Mme Aupick à Paris. Poulet-Malassis désirerait avoir le droit de publier une édition ornée des Fleurs du mal ed. de 1857, hors commerce, tirée à 100 exemplaires. Il révèle aussi son intention de publier sur son ami disparu un petit livre, au même nombre, et dans les mêmes conditions. Les seuls articles de journal qu'il ait vu était de la main de X. Feyrnet [pseudonyme d'Albert Kaempfen] dans le Temps de ce jour et ceux coupés dans L'Etoile belge qu'il joint à sa lettre. Poulet-Malassis termine avec la pensée qu'il ne pourrait pas envisager sa vie s'il perdait à la mort quelques-uns de ses meilleurs amis {4}. [details]

6 ou 7 IX 67 --- Asselineau demande pardon à Poulet-Malassis de ne pas lui avoir écrit le lendemain des obsèques de Baudelaire. La confusion entournant l'événement l'ont empêché de le faire. Banville et lui auraient voulu avoir Sainte-Beuve pour prononcer le discours funèbre mais sa grave maladie l'en a rendu incapable. Théophile Gautier leur a semblé une faible ressource dans ces occasions. Banville a donc parlé et, en dépit d'une maladie et malgré une grande émotion, a fait un discours qu'Asselineau appelle superbe. L'Etendard l'a publié in extenso le 4 septembre, suivi de quelques mots de lui, au nom des amis de Baudelaire. La veille, le même journal a donné un entrefilet de Vitu très convenable et très complet, selon Asselineau. Celui-ci y voit dans ces quelques écrits tout ce qu'il y a eu de bien dans la presse. Mais il admet l'attendrissement et la sincère amitié, dans L'Univers du 2 septembre, de l'article de Veuillot malgré leurs différences. Il critique Alfred d'Aunay du Figaro pour ce qu'il y écrit le 3 septembre ainsi que Désonnaz dans L'Avenir national le 2 du mois. Asselineau réserve ses plus cinglants jugements pour les écrivains du Figaro le lendemain, pleins de dédains pour le défunt. Pierre Véron va jusqu'à utiliser comme preuve de la folie de Baudelaire qu'il a reçu les sacrements, dans le Charivari du 3 septembre sous la rubrique du "Bulletin politique". Il semble pourtant que Jules Vallès, dans la Situation du 5 septembre dépasse tous les autres; selon Wallon et Monselet c'est un ignoble. Duranty promet de publier dans la Revue libérale de Bruxelles, un article "au moins révérencieux" [article non paru?]. Ulbach s'est montré décent dans ce qu'il a écrit le 8 septembre au Paris-Magazine. Le Monde illustré, le 7 septembre, donne un court article nécrologique signé "A.H." [peut-être Arsène Houssaye]. Cette notice s'accompagne d'un portrait gravé de Baudelaire par Charles Maurand, d'après une photographie de Carjat. Asselineau informe son ami que les funérailles de Baudelaire ont souffert de la saison (beaucoup de personnes étaient en dehors de Paris pour les fins de vacances) et un très mauvais temps joint à une grande chaleur. Asselineau avait écrit, la veille des obsèques, à Paul Féval, président de la Société des gens de lettres. Ce groupe ne s'est pas fait présenter. Ni Doucet, ni Dumesnil n'a représenté le ministère. L'assisatance nombrait soixante personnes. Ceux remarqués par Asselineau étaient: Houssaye et son fils, Nadar, Champfleury, MNonselet, Wallon, Vitu, Manet, Alfred Stevens, Braquemond, Fantin, Pothey, Verlaine, Calmann-Lévy, Alph. Lemerre, éditeur, Ducessois, imprimeur, Silvestre, Veuillot, etc. Se sont excusés par lettres: Philarète Chasles; Emile Deschamps; Ernest Prarond; François Coppée. Pour Asselineau, toute l'admiration qu'elle a observée pour son fils lors de ses funérailles lui ont fait changer ses idées de son importance. Asselineau a écrit à Victor Hugo pour lui demander une lettre à la mère du poète mais Hugo était à Genève. En terminant, Asselineau fait écho des sentiments de Poulet-Malassis quant aux pertes d'amis. Il songe à quitter Paris, qui lui déplaît, pour être bibliothécaire en province(Ruff-Richer 101). [details]


1