Charles Baudelaire

Une Micro-Histoire by Raymond P. Poggenburg


XI 45 --- Amédée Pichot publie, dans la Revue britannique, sous le pseudonyme d'Alphonse Borghers, une traduction du Gold Bug d'Edgar Allan Poe. Traduction plutôt fidèle, ce Scarabée d'or est la première traduction d'Edgar Allan Poe qui porte son nom comme auteur du texte anglais (Bandy K xiii). Baudelaire est inscrit comme étudiant libre à l'Ecole de droit (Guilhermoz 415-416). La liste des inscriptions à l'Ecole des Chartes porte le nom de Pierre Charles Baudelaire, étudiant libre (Guilhermoz). L'adresse donnée est 7, place Vendôme, résidence des Aupick (P-Z 210). [details]

XI 46 --- Le nom de Baudelaire ne figure plus sur la liste d'inscription à l'Ecole des Chartes (Guilhermoz 415-416). [details]

6 XII 50 --- Flaubert et Maxime Du Camp dînent à Constantinople chez les Aupick (Hemmings 119). [details]

11 XII 52 --- Traduction des Souvenirs de M. A. Bedloe, sous le titre d'Une Aventure dans les Montagnes Rocheuses dans l'Illustration, avec une note qui annonce pour le mois prochain un livre (HE 387). La Bibliographie de la France enregistre L'Esprit des bêtes, ornithologie passionnelle, de Toussenel (T ). [details]

III 53 --- Baudelaire doit, à ce moment, avoir fourni pour la lecture un drame que lui a demandé un associé du directeur du Théâtre du Boulevard. Baudelaire ne l'écrit pas (CPl I 210). Le catalogue Lecou porte cette notice: "Contes extraordinaires" par Edgar Allan Poe, auteur américain, traduit par M. Charles Baudelaire (sous presse), 1 vol. Cet auteur est en même temps le "Balzac et l'Hoffmann des Etats-Unis" (HE 358). [details]

V 53 --- Le catalogue Lecou reprend l'annonce du mois de mars passé [qu.v.] concernant la traduction à paraître par Baudelaire des "Contes extraordinaires" d'Edgar Allan Poe (HE 358). [details]

env 1 VII 53 --- A. Borghers [Amédée Pichot] publie Nouvelles choisies d'Edgar Poe, chez Hachette. C'est le premier recueil en langue française des oeuvres de cet écrivain (HE 359). [details]

1 VIII 54 --- Baudelaire écrit à Ancelle pour lui dire qu'il faudra renoncer à leur projet relatif à l'hôtel de Ville; Baudelaire doit maintenant reprendre ses occupations et ne pourra donc pas lui donner suite. Il a envoyé chez Ancelle un reçu de 100 francs, mais n'en attend de lui que 50. Ancelle lui a donné de l'argent sur lequel il a prélevé les 100 francs qu'il a remis à Jeanne Duval. Baudelaire révèle que Mme Aupick est partie sans venir le voir, dépitée sans doute par ses arrangements financiers avec Arondel. L'exemplaire du Schiller appartenant à Ancelle est retrouvé, Baudelaire le lui remettra (CPl I 286). La seconde partie du Chat noir paraît dans le Pays (T ). D'Alençon, Poulet-Malassis écrit à Asselineau et dit avoir tout récemment fréquenté assidûment le cabaret avec Baudelaire et Hippolyte Castille. Poulet-Malassis s'étonne de l'interruption au Pays de la publication des traductions d'Edgar Allan Poe et demande si Asselineau en connaît la raison. Poulet-Malassis se moque de la singularité de Baudelaire, qui semble s'intéresser plus à la couleur de la couverture d'un volume à publier qu'au volume lui-même. Poulet-Malassis révèle le désir de Baudelaire d'écrire pour le théâtre, d'où ses efforts pour "séduire les comédiens" (Richer 1-2). [details]

5 VIII 54 --- Baudelaire doit remettre à Arondel quelques centaines de francs (CPl I 286). Puissance de la parole et Ombre paraissent dans le Pays (T ). Suspension de la publication des Histoires extraordinaires par Edgar Poe dans le Pays (HE 368n). [details]

10 IX 54 --- Nouvelle publication de la traduction d'Ombre dans le Journal d'Alençon (NHE 491). [details]

12 XII 54 --- Fin de Petite Discussion avec une momie dans le Pays (T ). Suspension de la publication des Histoires extraordinaires par Edgar Poe dans ce journal (HE 368n). [details]

28 I 55 --- Réimpression de la traduction de Bérénice dans le Journal d'Alençon (HE 377). Le Pays publie la fin de L'Homme des foules, Le Portrait ovale et le début de L'Ile de la fée (T ). [details]

31 I 55 --- Le Pays publie la première partie du Canard au ballon (HE 228 ). [details]

7 II 55 --- La fin d'Une Descente dans le Maelstrom, et la première partie de La Chute de la maison Usher paraissent dans le Pays (HE 399). [details]

7 III 55 --- La fin du Double Assassinat... paraît dans le Pays ainsi que la première partie de La Lettre volée, sous le titre de Facultés divinatoires d'Auguste Dupin. II (HE 389). Aupick achète la "maison joujou" à Honfleur (Jean-Aubry 14). [details]

4 VII 55 --- Poulet-Malassis, écrivant à Asselineau, le prie de dire à Baudelaire qu'il attend de recevoir les "poésies" d'Edgar Allan Poe, dont il se moque. C'est parce que Baudelaire est un "rédacteur de la Revue des deux mondes", qu'il n'ose l'approcher. Il le salue néanmoins (Richer 1-2). [details]

15 VII 55 --- On annonce, dans le Portefeuille, la parution prochaine du Scarabée d'or, qui n'y paraîtra pourtant pas (HE 433). [details]

1 IV 56 --- Une notice bibliographique est publiée anonymement [de la main, vraisemblablement, de Maxime du Camp] à la Revue de Paris. Il comprend des éloges pour la notice "importante" sur Edgar Allan Poe, et pour le talent "fougueux et un peu incohérent" de Baudelaire, lequel s'adapte bien à sa tâche de traducteur. La Revue des deux mondes publie également une notice bibliographique. On y remarque que Baudelaire a su rendre l'état "un peu chaotique" de la pensée d'Edgar Allan Poe et qu'il a réussi, dans sa préface, à révéler dans son sujet "une intelligence très vive" (BJ 23). [details]

12 IV 56 --- La Bibliographie de la France enregistre la publication des Histoires extraordinaires. Le volume contient un inédit, Le Scarabée d'or (HE 373). L'Assemblée nationale publie un compte-rendu des Histoires extraordinaires par A. de Pontmartin, article que Baudelaire trouvera mauvais (OCPl II 1236). Baudelaire envoie à sa mère des articles sur lui, parus dans les journaux et en annonce d'autres à paraître. Il trouve sa seconde préface difficile à écrire (CPl I 345). [details]

12 XI 56 --- Baudelaire demande 250 francs à Godefroy, de la Société des Gens de Lettres, pour lui permettre d'achever la préface des Nouvelles Histoires extraordinaires. Lévy les rendra, dit-il, à Godefroy, mais l'éditeur refuse de lui faire une avance. Baudelaire doit personnellement 50 francs à Godefroy, et il propose de n'emprunter que 200 francs à la Société en en rendant 250 (CPl I 361). Cuvillier-Fleury rend compte des Histoires extraordinaires dans le Journal des débats (HE 383-384). [details]

18 XII 56 --- Poulet-Malassis, écrivant à Asselineau, annonce qu'il donnera à Baudelaire 500 francs pour un tirage de 1.000 exemplaires chacun des Fleurs du mal ed. de 1857 et du Cabinet esthétique. Il n'estime pas cette affaire "merveilleuse" mais croit qu'ils s'en tireront (Richer 1-2). [details]

1 II 57 --- La quatrième et dernière publication de fragments de La Tentation de Saint Antoine de Flaubert paraît dans l'Artiste. On a maintenant pu lire à peu près les trois quarts du volume (OCPl II 1123). Poulet-Malassis se plaint à Asselineau de ce que Baudelaire ait manqué la date du 15 janvier pour la remise du manuscrit des Fleurs du mal ed. de 1857 (Richer 1-2). [details]

env 8 III 57 --- Baudelaire envoie à Paul Chenavard un exemplaire dédicacé des Nouvelles Histoires extraordinaires (CatBerès3 ). Philippe de Chennevières reçoit le même ouvrage dédicacé: "A mon ami Philippe de Chenevières" (CatHeilbrun107 ). [details]

11 III 57 --- Sainte-Beuve conseille à Baudelaire de demander à Edouard Thierry un article sur les Nouvelles Histoires extraordinaires (NHE 311). Aventures d'Arthur Gordon Pym au Moniteur (AGP 269). [details]

1 V 57 --- Le Correspondant annonce la parution des Nouvelles Histoires extraordinaires en les attaquant (NHE 314). Le Moniteur universel décrit les obsèques du général Aupick (T ). [details]

20 III 59 --- Traduction d'Un Evénement à Jérusalem dans la Revue française (HE 389). [details]

20 IV 59 --- La Revue française publie la Genèse d'un poème, d'Edgar Allan Poe, ainsi que la traduction du Corbeau, avec La Méthode de composition [The Philosophy of Composition]. C'est la troisième fois que paraît la traduction de ce poème. Ces textes sont précédés par un "préambule" de Baudelaire (HE 390). [details]

V 60? --- Baudelaire dédicace au crayon, sur le faux-titre, un exemplaire des Paradis artificiels: "Hommage à Madame Deswgranges. C.Baudelaire." (Cat. des Libraires parisiens No 5, 1957, no 2430). Un autre exemplaire`des Paradis artificielsporte la dédicace: "Hommage à M. Désiré Nisard/ Ch. Baudelaire" (Cat Heilbrun ) [details]

20 I 61 --- Baudelaire répond à Poulet-Malassis qu'il a fini la correction des épreuves des Fleurs du mal ed. de 1861. Dans la dernière bonne feuille il a relevé des fautes (CPl II 127). Au dernier moment avant l'impression finale des Fleurs du mal ed. de 1861, Baudelaire supprime la lettre préface à Veuillot, déjà rédigée (Ruff-Richer 185). [details]

12 VII 62 --- La première partie du Joueur d'échecs de Maelzel paraît dans le Monde illustré (HE 390). [details]

19 VII 62 --- La deuxième partie du Joueur d'échecs de Maelzel paraît dans le Monde illustré (HE 390). Evoquant la "barbarie" de l'administration, Baudelaire prie quelqu'un [Camille Doucet?] d'aider Jules Rozier à résoudre une affaire avec le gouvernement (CPl II 252). [details]

fin IX 62 --- De Guetary, Whistler écrit à Fantin-Latour à propos du numéro du Boulevard contenant "Peintres et aquafortistes" de Baudelaire. Fantin-Latour le lui a envoyé. Whistler trouve que la critique de Baudelaire sur les eaux-fortes porte plutôt sur les thèmes des ouvrages que sur les eaux-fortes elles-mêmes (Bailly-Herzberg II:93). Ayant fait un séjour d'une semaine à Solesmes, Villiers de l'Isle-Adam écrit à Baudelaire pour lui décrire l'abbé, Dom Guéranger, de façon admirative. Villiers expose à Baudelaire un beau sujet de poème (ou de poème en prose), selon lui. Un petit diable rend service à un vieil abbé; comme récompense, il demande qu'on bâtisse un clocher, car il aime le son des cloches. Villiers a pu achever, dit-il, la rédaction de Samuèle [écrit qui devait constituer la troisième partie d'Isis]. Il recommande à Baudelaire la lecture de La Mystique de Görres et La Vie de Jésus du Dr Sepp (LAB 309). [details]

30 VIII 65 --- Poulet-Malassis informe Asselineau qu'il ne voit presque plus Baudelaire, mais qu'il n'en est mécontent à cause de ses défauts de lenteur, d'insistence et de radotage. Baudelaire aura perdu son temps à Bruxelles, ses études consistent à tout faire rentrer dans son parti-pris (Ruff-Richer 19). [details]

19 I 66 --- Baudelaire fait savoir à Catulle Mendès qu'il acceptera de publier quelques-uns de ses vers dans le Parnasse contemporain. Il accepte également les 100 francs que Mendès a offerts de lui prêter. Baudelaire insiste pourtant, quant aux poèmes, sur le droit de les imprimer dans une nouvelle édition des Fleurs du mal ed. de 1857. Il dit qu'il enverra à Mendès un volume [Les Epaves] et nie avoir collaboré avec Poulet-Malassis pour cet ouvrage. Baudelaire voudrait que Mendès le renseigne sur la revue L'Art, dont lui a parlé Sainte-Beuve et qu'il ne connaît pas. Baudelaire conseille à Mendès de demander des vers à Philoxène Boyer. Ce dernier fait des poésies que Baudelaire juge "superbes", quoique leur auteur ne s'en sépare pas facilement (CPl II 573). Le journal des Goncourt de cette date décrit sans indulgence une réunion de jeunes poètes chez Louis-Xavier Ricard. Ils sont appelés "la queue de Baudelaire et de Banville..." (Robichez ). [details]

8 II 66 --- Le matin, Baudelaire se présente chez Poulet-Malassis, troublé par la nouvelle qu'il a eue par Asselineau. Il semble qu'à Paris court un Baudelairiana inquiétant. Baudelaire demande à son ami s'il y est pour quelque chose, recevant une réponse négative. Poulet-Malassis fait part à Asselineau de cette visite de Baudelaire (Ruff-Richer 21). [details]

19 IV 66 --- A 4h, Poulet-Malassis écrit à Asselineau, décrivant le transfert de Baudelaire, en voiture, par lui et par Stevens, depuis l'Institut jusqu'à l'hôtel où Mme Aupick l'attend. Baudelaire semble aller mieux, s'intéresse aux devantures, au mouvement de la rue. Bien que très porté dans ses idées sur sa propre santé, il peut comprendre toute expression simple émuse par ses proches. Son vocabulaire s'est réduit au monosyllabe: non [peut-être crénom] qui ponctue ses réponses. Poulet-Malassis trouve qu'il ressemble à un quasi-muet. A l'hôtel, après installation au rez-de-chaussée dans une chambre bien aérée, Baudelaire manifeste de la gaieté et semble participer à la conversation. Poulet-Malassis trouve inutile que Banville ait parlé, dans sa lettre à l'Evénement, de la somme de 40.000 francs comme valeur des biens de Baudelaire; il aurait suffi de dire que sa situation était précaire. Le Dr Léon Marcq soigne maintenant Baudelaire, voire exprime un certain optimisme quant à l'amélioration de la condition de Baudelaire. Poulet-Malassis, qui l'a gardé de longues heures, trouve ce sentiment excessif. C'est pourtant Poulet-Malassis qui aurait fait à Baudelaire la connaissance de ce médecin "très aimable et très instruit" (Ruff-Richer 32). Malade lui-même, Emile Deschamps demande à Nadar des nouvelles de Baudelaire (BN2914 ). Baudelaire quitte l'Institut Saint-Jean et Sainte-Elisabeth; il a payé la somme de 100 francs pour son séjour (Kunel B 167). Pendant sa présence, la supérieure se scandalisait et se plaignait des jurons de Baudelaire; elle en déduisait qu'il manquait de religion alors qu'il s'agissant plutôt de souffrance et d'impatience d'être mal compris (EJC 199). Ancelle envoie à L'Institut la somme de 150 francs (CPl I lxxv). Dans le Charivari paraît le démenti de G. Guillemot sur la mort de Baudelaire, ainsi que de Gallois dans l'Union; cette rectification paraît aussi dans le Messager des théâtres et des arts (T ). [details]

22 IV 66 --- Dans le Hanneton, Amédée Blondeau donne une anecdote sur Baudelaire et un médecin marseillais (T ). Emile Blondet, dans la Lune, raconte une anecdote sur le poète {2,3}. Dans sa chronique du Figaro, Charles Yriarte, sous le pseudonyme du Marquis de Villemer, donne des détails des prodromes de la maladie de Baudelaire. Devant l'incapacité des médecins d'en donner leur diagnostique, Baudelaire y voit la preuve de son originalité. Ce texte contient, en conclusion, des louanges pour les qualités personnelles du poète: la dévotion, la loyauté, l'obligeance, surtout la plus haute conscience littéraire <<4|Ruff-Richer|29n>>. [details]

env 22 IV 66 --- Asselineau remercie Poulet-Malassis de sa bonne lettre avec de nouveaux détails sur Baudelaire. La veille, il a dîné chez Ancelle en compagnie de Mme C.-A. Baudelaire. Il l'a trouvée ancienne jolie femme, fort pincée. De plus, elle était incapable de reconnaître en Baudelaire l'illustration de sa famille et son attitude à son sujet était pleine de réticences. Ancelle pourtant, malgré ses étranges confusions au sujet de Baudelaire, était la seuie personne présente qui aimait vraiment Baudelaire selon Asselineau. Ironiquement, il pense que la maladie aurait accountumé tout le monde à parler de Baudelaire avec gravité, une belle revanche pour le poète (Ruff-Richer 34). [details]

26 IV 66 --- Poulet-Malassis informe Asselineau de la publication d'une édition de 60 exemplaires à Bruxelles, il y a un mois, des Epaves. Ces pièces diverses étaient des textes que Baudelaire n'avait pas voulu faire entrer à l'édition définitive des Fleurs du mal ed. de 1857. Dix exemplaires en étaient destinés aux amis mais Poulet-Malassis pensaient qu'ils n'ont pas été envoyés et qu'ils restaient à Paris. De mémoire, il cite les noms des destinaires: Asselineau, Banville, d'Aurevilly, Champfleury, Manet, Flaubert, Sainte-Beuve, Mme Meurice, Monselet. Banville a reçu le sien. Poulet-Malassis promet d'envoyer 10 exemplaires à Paris au courant de mai [en fait, il en enverra 15, ajoutant à la liste les noms de Gautier et Leconte de Lisle]. Changeant de propos il critique sévèrement les deux articles d'Henry de La Madelène au Nain jaune fin avril sur Baudelaire. Il condamne la totalité des écrits sur Baudelaire à ce moment, n'en exceptant que celui de Victor Fournel au Journal de Bruxelles. Poulet-Malassis craint que le dégoût de Mme Aupick pour les créations littéraires de Baudelaire ne la pousse à passer outre contre sa propriété au moment où celle-ci en viendra à être vendue. Vu cela, Poulet-Malassis regrette d'avoir refusé de prendre chez lui la malle de Baudelaire avec ses papiers et ses livres (Ruff-Richer 35). [details]

28 ou 29 IV 66 --- Asselineau fait savoir à Poulet-Malassis qu'il recevra bien volontiers son exemplaire des Epaves. Quant aux autres destinataires, il s'oppose à ce que Barbey d'Aurévilly soit choisi, disant qu'il n'a jamais dit que des sottises sur Baudelaire. Il aurait préféré qu'on en envoie un à Gautier ou à Wallon, un vieux camarade à Baudelaire. Asselineau approuve la note d'Yriarte dans le Monde illustré sur Baudelaire et qualifie d'"imbécillité" l'étude d'Henry de La Madelène. Il juge ce dernier comme seulement un journaliste qui ne connaît rien à la littérature. Asselineau voudrait bien voir sur la liste le nom de Leconte de Lisle. Préault [le sculpteur] envoie à Baudelaire ses salutations par Asselineau et par Poulet-Malassis (Ruff-Richer 37). [details]

1 V 66 --- Poulet-Malassis informe Asselineau de l'envoi de 15 exemplaires des Epaves. Il est d'accord pour Gautier et pour Leconte de Lisle comme bénéficiaires d'exemplaires. Asselineau est autorisé à en choisir d'autres comme il juge convenable de faire. D'Aurevilly devra recevoir son exemplaire sur la seule volonté de Baudelaire, malgré l'avis d'Asselineau. L'état de Baudelaire ne montrant aucune amélioration évidente, il est clair que le malade ne peut pas encore être transporté à Honfleur. Poulet-Malassis, essayant de convaincre Mme Aupick de la valeur littéraire de la poésie de son fils, lui a donné la 5e livraison du Parnasse contemporain contenant des vers de Baudelaire. Elle a dû donc le parcourir et a fini par lire à haute voix pour Poulet-Malassis Recueillement, terminant avec le vers Entends, ma chère, entens la douce nuit qui marche. L'éditeur est frappé par la correction et la sensibilité de cette lectrice, dont la voix rappelle beaucoup celle de Baudelaire. Il se rend compte que cette dame de 72 ans garde bien de la vivacité de sa jeunesse. Toute fois, il trouve cette "jeune vieille" trop frétillarde pour son âge. A moins que Baudelaire ne soit pas en était de quitter Bruxelles, Poulet-Malassis fera un voyage à pied au mois de juin dans le Zélande. A 4h, il rouvre sa lettre, ayant rendu visite à Baudelaire, dont la santé et le morale sont bons. En entendant les noms d'Asselineau et de Préault, le poète n'a rien manifesté: c'est la première fois que Poulet-Malassis ait remarqué une telle réaction chez lui au non d'un ami. Le docteur Marcq a confirmé son impression que l'intelligence de Baudelaire est en baisse, qu'il se réduit peu à peu à la vie végétative. Il sera donc transportable sous peu. Cela décide Poulet-Malassis de s'occuper des affaires littéraires du poète auprès d'Ancelle et de Mme Aupick (Ruff-Richer 38). [details]

25 V 66 --- Asselineau accuse réception du paquet de livres envoyés par Poulet-Malassis. Il en fera la distribution lentement, aux moments où il sera à Paris. Banville a reçu le sien, et a transmis à Asselineau des nouvelles bien tristes sur Baudelaire. Asselineau transmet sans rien y comprendre à Poulet-Malassis la demande de Bracquemond d'une réponse de lui et de Leys (Ruff-Richer 41). [details]

25-30 V 66 --- Asselineau informe Poulet-Malassis que le Dr Blanche a proposé d'aller soigner Baudelaire à Bruxelles, mais qu'il a trouvé bon de refuser. Ce médecin ami d'Asselineau a ensuite proposé d'envoyer chez Mme Aupick un servant accoutumé à soigner les malades. Poulet-Malassis n'aurait qu'à écrire à Passy en son nom, pour traiter des conditions. Pour les poèmes en prose de Baudelaire, Asselineau qu'il y va de la réputation du poète de les faire publier à Paris. Il accepterait qu'ils y soit censurés eux-mêmes, si nécessaire. Sainte-Beuve serait peut-être capable de les conseiller (Ruff-Richer 43). [details]

30 V 66 --- Mme Aupick, avant de répondre à une lettre d'Ancelle sur la date de son retour à Paris avec Baudelaire, écrit à Poulet-Malassis. Celui-ci avait promis de l'accompagner à la frontière belge, d'où elle serait pris en main par Asselineau. Elle craint qu'il y a quelque empêchement possible du côté de l'éditeur et voudrait se rassurer auprès de lui que tout était en place pour ce voyage. Baudelaire s'excite beaucoup ces jours-ci, faisant des scènes sans cesse renouvelée. Mme Aupick se dit écoeurée d'apprendre que non seulement Emon et Asselineau, mais surtout Poulet-Malassis soit persuadés que l'état de Baudelaire nécessite pour lui une maison de santé. Pour elle, Poulet-Malassis devrait en penser autrement, étant donné qu'il connaissait mieux que les autres les bonnes possibilités du malade. Si pourtant cette solution s'imposait éventuellement, Mme Aupick voudrait que la maison de santé choisie serait celle du Dr Blanche, qui l'aimait (Ruff-Richer 44). [details]

2 VI 66 --- Dans le Nouvel Illustré, Monselet annonce qu'on a l'intention de ramener Baudelaire à Paris (T ). Poulet-Malassis avertit Asselineau que les médecins jugent les circonstances favorables pour emmener Baudelaire. Poulet-Malassis n'ira que jusqu'à la frontière belge, de peur d'effrayer Mme Aupick en allant jusqu'à Neuilly. Poulet-Malassis serait content de voir Asselineau accompagner Ancelle à leur rencontre. Il préconise une réunion entre Ancelle, Asselineau et lui pour parler de l'édition des oeuvres de Baudelaire. Le paiement des dettes de Baudelaire a mis leur finances en difficulté, et Poulet-Malassis voit la nécessité d'un compartiment, lequel coûterait cher. Il prie Asselineau d'aller demander une subvention auprès de la Société des Gens de Lettres. Son président honoraire, Francis Wey, est susceptible de les aider. Stevens s'occupe d'avoir une diminution des frais jusqu'à la frontière belge. Ce jour Mme Aupick et Baudelaire attendaient Stevens pour dîner mais le mauvais temps les a forcé de le décommander (Ruff-Richer 47, 51). [details]

env 2 VI 66 --- Mme Aupick annonce à Poulet-Malassis son espoir qu'ils auront un compartiment de train en première classe de Bruxelles jusqu'à Paris. Elle joint une lettre d'Ancelle qui l'informe de ce développement. Ce dernier voudrait que ce soit Poulet-Malassis qui fasse cet arrangement avec M. Castel, secrétaire de la Compagnie du Chemin du Nord 18, rue de Dunkerque. On se propose de partir samedi matin à 9h. Il n'y aura de prix réduit pour trois personnes mais Mme Aupick payera celle qui reste au prix normal. Elle n'aura besoin de M. Ancelle qu'à sa descente à la gare "pour protéger [son] débarqué (Ruff-Richer 48). [details]

7 VI 66 --- Poulet-Malassis décrit pour Asselineau sa visite de la veille chez Baudelaire. Il y voit la preuve que les deux caractères de Mme Aupick et son fils rendent très difficile leurs possibilités de vivre ensemble. En ce qui concerne l'impression des oeuvres de Baudelaire, Poulet-Malassis pense qu'Asselineau doit examiner les poèmes en prose, qu'il appelle fort accessoire. Pourtant, eux et les Fleurs du mal ed. de 1857 sont l'attrait principal pour un future libraire parisien. Le reste des matières n'auront pas grande chance de faire de gros bénéfices. Ces deux livres sont tout le bagage poétique de Baudelaire selon Poulet-Malassis. Pauvre Belgique est un capharnaüm de notes, dit-il. Poulet-Malassis verrait avec plaisir cette affaire prise en main par un libraire parisien sérieux. Sinon, il reste disponible à la prendre, car il reconnaît la nécessité de cette publication {1,2}. [details]

vers le 10-11 VI 66? --- Asselineau déclare à Poulet-Malassis que Baudelaire ne souffre certainement pas de la folie, que l'on de devrait en aucun cas le confier à l'établissement du Dr Blanche. Asselineau trouve touchant mais puéril ou senile le sentiment maternel pourtant, ayant assisté à la lecture de plusieurs de ses lettres. Surtout l'idée qu'elle a d'avoir récupéré son enfant en l'adulte qu'il est devenu, après de longues années de séparation. Il voit dans cette sentimentalité un signe que Mme Aupick insistera pour le garder au lieu de le confier à Poulet-Malassis ou à lui. Mais les améliorations de santé physique et intellectuel chez Baudelaire le font pensé qu'ils n'ont pas besoin de hâter la décision sur la publication de son oeuvre. A ce sujet il trouve juste que Poulet-Malassis puisse partager les bénéfices d'une vente, faisant valoir des soins et des sacrifices faits par Poulet-Malassis en faveur de Baudelaire depuis si longtemps. Il conclue donc que Poulet-Malassis devrait publier quand et ou il veut à Paris les Fleurs du mal ed. de 1857 et les poèmes en prose. Plus tard il pourra traiter pour le reste, peut-être avec Lévy (Ruff-Richer 54). [details]

vers le 25 VI 66 --- Peu de jours avant son départ pour Paris, Baudelaire a manifesté une grande lucidité qui surprend Poulet-Malassis. Il se souvient de diverses choses minutieuses: qu'il avait une montre au mont-de-piété, une passe de circulation jusqu'à Paris, des petites dettes d'amis, de restaurants ou de cafés à Bruxelles. Des manuscrits de poèmes en prose, resté chez le copiste, lui ont fait le sujet d'une grande nervosité jusqu'à ce qu'il ait pu les signaler à Poulet-Malassis, qui les a récupérés (Ruff-Richer 58). [details]

27 ou 28 VI 66 --- Baudelaire dîne dans la chambre de Poulet-Malassis la veille de son départ. Il est alerte, remarque les nouveaux objets de curiosité achetés depuis sa dernière visite, les commente intelligemment. Poulet-Malassis l'encourage à mettre en ordre ses travaux avec un ami en attendant de se remettre au travail. Un besoin pressant serait d'imprimer la nouvelle édition des Fleurs du mal ed. de 1857, toute prête et vue par Poulet-Malassis dans la malle. Poulet-Malassis a l'impression que, quoi qu'on lui dise au sujet, Baudelaire résistera fortement à la décision d'imprimer son oeuvre faite par les autres. Il espère retrouver sa santé spirituelle. Poulet-Malassis y voit la preuve de la ténacité morale de Baudelaire, qu'ils avaient toujours connue. Lorsque Baudelaire fut transporté à "l'hôpital" [l'Institut Saint Jean et Sainte Elizabeth?] Poulet-Malassis a fait sa malle. A ce moment, dit-il, il a vu la nouvelle édition des Fleurs du mal ed. de 1857 prête à imprimer. L'éditeur remarque le peu de publications par Baudelaire lors de son séjour belge (Ruff-Richer 58). [details]


1