Charles Baudelaire

Une Micro-Histoire by Raymond P. Poggenburg


22 V 1789 --- Marie Duval, grand'mère de Jeanne Duval, fait sa déclaration de grossesse à Nantes; elle est fille (Crépet V 154). [details]

25 VII 1789 --- Naissance à Nantes de Jeanne-Marie-Marthe Duval, enfant naturelle, mère de Jeanne Duval. Son parrain est Jean Carié de Boischabot, sa marraine Marie Fontaine. Sa paroisse est celle de Sainte-Croix, dont le vicaire est Guibert (Crépet V 154). [details]

19 I 15 --- On réunit pour Claude-Alphonse Baudelaire un conseil de famille sous la présidence du juge de paix de l'[ancien] 11e Arrondissement, Y sont nommés: François Guibert, notaire de Neuilly; Etienne Paul Duval, avocat; Joseph Elu Lambert, propriétaire. Du côté paternel: Claude Ramey, qui est déjà parrain, est nommé subrogé tuteur; Jean Naigeon; Louis Lafitte (P-Z 46). [details]

1827 --- Année présumée de la naissance de Jeanne Duval (Crépet V 242). Louis-Théodore Ducessois devient imprimeur au 55, quai des Augustins (CPl II 999). [details]

13 II 27 --- Premier Conseil de Tutelle de Baudelaire. Les membres en sont: Paul Pérignon; Etienne Paul Duval; Claude Ramey; Jean Naigeon; Jean-Baptiste Julliot (subrogé tuteur); Charles Raynard Laure Félix, duc de Choiseul-Praslin. L'absence de Claude-Alphonse Baudelaire est à signaler (Barroux 222). [details]

1838-39 --- Jeanne Duval devient brièvement la maîtresse de Nadar. A cette époque elle jouait les utilités au Théâtre de la Porte Saint-Antoine, sous le nom de Berthe {1,2}. [details]

8 VI 38 --- La Commission de Censure autorise la représentation du Système de mon oncle, comédie-vaudeville en un acte dans laquelle Jeanne Duval est censée avoir joué (Pichois C 193). Visite de M. Emon à Charles (CPl I 53). [details]

entre le 27 IX 38 et le 24 III 39 --- La pièce Rose et Colas se joue 45 fois au théâtre de la Porte-Saint-Antoine. A au moins une de ces représentations, celle du 17 XII 38, le rôle de la comtesse est tenu par "Berthe" [peut-être Jeanne Duval] (Pichois C 197). [details]

2 XII 38 --- L'Entr'acte de ce matin-là annonce qu'on joue Le Système de mon oncle à la Porte-Saint-Antoine. Le rôle de Thérèse est joué par "Berthe", [peut-être Jeanne Duval] (Pichois C 197). [details]

3 XII 38 --- La Revue et gazette des théâtres rend compte du Système de mon oncle, qualifié de "vaudeville de bon ton" mais l'on ne nomme pas Jeanne Duval, qui y joue, peut-être, Thérèse la bonne, sous le nom de "Berthe". Cette pièce est également annoncée par l'Entr'acte, qui en donne la distribution, et par le Courrier des théâtres (Pichois C 194, 197). [details]

17 XII 38 --- On donne au théâtre de la Porte Saint-Antoine Le Système de mon oncle et Rose et Colas. "Berthe" (sans doute Jeanne Duval) tient dans la première pièce le rôle de la bonne, Thérèse et dans la seconde celui de la comtesse. l'Entr'acte donne la distribution des deux pièces (Pichois C 197). [details]

fin II 42 --- De retour à Paris (CPl I 740), Baudelaire habite à l'Ecole d'Application, 136, rue de Grenelle-Saint-Germain. Il se lie davantage d'amitié avec Ernest Prarond. Ils "vagabondaient" beaucoup ensemble, allant dîner au marchand de vin Duval, au coin de la rue Voltaire et de la place de l'Odéon, à la Tour d'argent [près du pont qui mène au quai de Béthune], souvent hors barrière, du côté de Plaisance, ou au Moulin de Montsouris, au delà du faubourg Saint-Jacques, dans un cabaret [peut-être celui de la mère Saguet] {2,3}. [details]

entre le 9 IV 42 et le 27 V 42 --- Début de la liaison entre Baudelaire et Jeanne Duval {1}. [details]

28 V 42 --- Auguste Dozon se rend chez Baudelaire, où il commence la composition d'un poème adressé à un ami, intitulé Le Livre. Ces vers engagent Baudelaire à ne pas négliger la lecture d'un volume, Les Saisons, d'Auguste Brizeux. On trouve dans ce poème une description de femme dont les caractéristiques semblent bien être celles de Jeanne Duval (LAB 137-139). Lettre perdue de Baudelaire à sa mère (CPl I 94). Lui est installé au 10, quai de Béthune, au rez-de-chaussée [numéro actuel: 22] (Prarond 24). [details]

VII 42 --- Dans son poème, Le Divan, publié dans Les Cariatides, Banville fait au sujet d'une certaine Jeanne, dans un poème de ce titre. Ce poème semble évoquer l'image de Jeanne Duval (Pommier B 201-202). [details]

automne 42 --- Th. de Banville introduit Baudelaire chez Louis d'Ulbach où, entouré de jeunes littérateurs plutôt séraphiques, le nouvel arrivé récite, pour les stimuler, un poème (non retrouvé): Manon La Pierreuse. Y assistent: Laurent Pichat; Henri Chevreau; Eugène Manuel; Pierre Dupont (BDC 147). Séparation de Jeanne Duval d'avec celui qu'elle appelle son "frère" [son amant?]. Ils ne se reverront pas avant 1860 (CPl II 232). [details]

fin 42 --- Jeanne Duval joue les utilités au Théâtre du Panthéon, église désaffectée de Saint-Benoît (Ruff C 37). [details]

fin X 43? --- Baudelaire écrit à sa mère qu'il lui envoie ce jour même quelqu'un pour préciser quel domicile il a choisi. Il accepte les conditions que sa mère a établies et l'autorise à les porter à la connaissance de son propriétaire, mais lui défend de parler de conseil judiciaire. Il envoie à Mme Aupick la liste de ce qu'il a laissé chez M. Leroy, son ancien propriétaire, chez qui il ne tient pas à reparaître (P-Z 161). Il menace, si elle n'accède pas à son désir de ne pas entendre parler de conseil judiciaire, d'aller vivre chez Jeanne Duval. Celle-ci vient d'emménager avec sa mère dans le quartier, au 6, rue de la Femme-sans-tête [aujourd'hui rue Le Regrattier] {1}. [details]

20 VI 45 --- Baudelaire lègue son portrait, par Deroy, à Jeanne Duval (CatBN57 105). [details]

30 VI 45 --- Baudelaire décide de se tuer. Il rédige pour Banville encore quelques notes relatives à ses manuscrits et envoie Jeanne Duval (qu'il appelle Lemer) chez Ancelle avec une lettre qui la désigne comme sa légataire universelle (CPl I 124). L'héritage de Baudelaire à Jeanne doit exclure la part de ses possessions qu'il destine à sa mère. Baudelaire informe Ancelle qu'il "rédige quelques notes pour M. Théodore de Banville" (OCPl II 1156). [details]

début VII 45? --- Malade, enfermé chez Jeanne Duval dans la rue de la Femme-sans-tête, numéro 6, Baudelaire supplie sa mère de venir le voir (CPl I 126). Privat d'Anglemont, "tout effaré", révèle à Charles Cousin la tentative de suicide de Baudelaire. Cousin n'y croit pas, pensant que le coup de couteau, comme il dit, "était destiné à toucher un coeur autre que le sien" (Pincebourde 15). [details]

mi-VII 45 --- Baudelaire quitte le domicile de Jeanne Duval pour s'installer provisoirement place Vendôme; il rencontre des difficultés avec Aupick, qui trouve inacceptable sa manière de vivre (CPl I 768). [details]

6 VII 45 --- Baudelaire envoie à Banville le manuscrit du poème, A Théodore de Banville, signé "Baudelaire.D".. Il a reçu le compte rendu du Salon de 1845 écrit par Le Vavasseur et le trouve "ravissant". Baudelaire demande à Banville de faire taire Privat d'Anglemont, de qui il a très peur. Il envoie ses salutations à Vitu, à Dupont et à Senneville. La réponse à cette lettre doit être adressée chez Jeanne Duval, 6, rue de la Femme-sans-tête (CPl I 127). [details]

début V 48? --- Baudelaire écrit à sa mère pour dire qu'il viendra lui faire ses adieux (CPl I 149). Il remarque que, quand il va chez elle, on le traite durement, à cause de Jeanne Duval (CPl I 153). [details]

19 X 48 --- De Châteauroux, Baudelaire écrit à Philippe de Chennevières. Il cherche des articles à publier dans le futur Représentant de l'Indre. Il propose à Chennevières de publier la totalité de ses oeuvres. Baudelaire produirait, s'il les avait, trois feuilletons entiers, et demande à Chennevières de bien vouloir remettre immédiatement tous ses écrits à Jeanne Duval (CPl I 152). [details]

9 I 50 --- Le matin, Jeanne Duval arrive à Dijon, venant de Paris; elle parle à Baudelaire de son entrevue avec Ancelle. Elle explique que le notaire ne lui envoie que 200 francs au lieu de 500, pour les deux mois de décembre et janvier (CPl I 158). [details]

18 V 50 --- Baudelaire apprend à Nerval, par lettre, qu'il désire deux billets d'orchestre pour la représentation du lundi 20 du Chariot d'enfant, à l'usage de Poulet-Malassis. Ce dernier habite au 19, rue des Maçons [actuellement rue Champollion]. Baudelaire voudrait présenter Poulet-Malassis à Nerval et demande à celui-ci de garder pour lui une reproduction des Nuits du Ramazan, en cours de publication au National. Baudelaire demande qu'on envoie les billets à Mademoiselle Caroline Dardart [peut-être Jeanne Duval, peut-être Zoé-Caroline Dardart] qui les remettra à Ch. Baudelaire, 46, rue Pigale [sic] (CPl I 165). [details]

7 VI 51 --- Ancelle apprend à Baudelaire que sa mère est de retour de Constantinople et qu'elle loge à l'Hôtel du Danube. Baudelaire invite sa mère à se rendre à Neuilly. Il promet de la recevoir seul [sans Jeanne Duval], au 95, avenue de la République, où il habite pour le moment (CPl I 170). [details]

mi-VII 51 --- Baudelaire emménage avec Jeanne Duval, 25, rue des Marais-du-Temple [aujourd'hui rue Albert-Thomas] . {1,2}. [details]

28 VIII 51 --- Baudelaire touche son argent du mois et dépense 200 francs en emplettes jugées nécessaires: vêtements et meubles (CPl I 175). Après un mois de vie commune Baudelaire trouve que son ménage avec Jeanne Duval ne lui procure pas la tranquillité attendue (CPl I 190). Le Pays commence la publication de Mercadet le faiseur, pièce de Balzac (CPl I 807). [details]

XI 51 --- Baudelaire commence à penser qu'il faut se séparer de Jeanne Duval, qui lui cause de grands ennuis (CPl I 190). A Madrid, Aupick intervient pour obtenir une réparation en faveur du gouvernement espagnol, à la suite d'une manifestation violente aux Etats-Unis. Celle-ci était dirigée contre un consul d'Espagne et avait concernée l'affaire de Cuba (Pichois F 489). Après un rapport demandé par le garde des Sceaux et fourni par le procureur général sur C.-A. Baudelaire, celui-ci est dépossédé de l'instruction. Ce rapport, accablant pour son sujet, indique qu'il lui manque les qualités nécessaires à cet exercice. On lui reconnaît pourtant de bonnes qualités personnelles et politiques. Il restera juge pendant toute sa vie mais n'accédera pas à la présidence du tribunal de Fontainebleau (P-Z 309-310). [details]

III 52 --- Jeanne Duval "fait souffrir" Mme Aupick en lui écrivant, sans doute par une demande d'argent (CPl I 190). Jeanne étant devenue un obstacle à son bonheur, Baudelaire se résout à se séparer d'elle et à ne la revoir jamais (CPl I 188). Ses difficultés conjugales le forcent de travailler la nuit (CPl I 191). [details]

26 III 53 --- Du 60, rue Pigalle, après un silence d'une année, Baudelaire écrit enfin à sa mère, disant que sa lettre sera courte car il est pressé. Depuis le mois d'avril passé sa vie n'est qu'un désastre, quoique ses moyens lui auraient permis un tout autre résultat. Il n'a plus de bois de cheminée. Il est poursuivi pour un paiement dû hier et le sera pour un autre à la fin du mois. L'année passée, ayant reçu des fonds de Mme Aupick il a tout réglé de ce qu'il devait et a recommencé à vivre sagement. Mais à cause des ennuis que lui causait sa maîtresse de maison il est parti sans rien dire en laissant courir le loyer mais sans y habiter. Il doit à cette personne une somme considérable. Elle détient sous ses papiers, manuscrits, lettres, dessins contre paiement de sa dette envers elle. Son travail est bloqué. Il avait un traité pour un livre à remettre le 10 janvier, il a livré à l'imprimerie un manuscrit si informe qu'il a fallu défaire les formes et repartir à zéro. Il a dû payer les frais lui-même. Tout le monde est furieux avec lui. Un traité entre la France et l'Amérique menace de rendre impossible la publication d'un livre [peut-être des traduction d'Edgar Allan Poe] avec toutes ses poésies, la réédition de ses Salons et son travail sur les Caricaturistes resté chez son hôtelière et payé déjà 200 francs par la Revue de Paris. L'homme bienveillant qui voulait l'appuyer pour toutes ces publications va le croire fou ou un voleur. Baudelaire se fait des soucis pour les débuts de sa réputation littéraire. Avec ces difficultés, son désordre et sa misère l'ont fait manquer une grande occasion: une commande d'un livret pour l'Opéra d'un genre nouveau, à être mis en musique peut-être par Meyerbeer. Le directeur du Théâtre du Boulevard lui a commandé un drame, qui n'est pas fait, l'échéance est dans six jours. Il a passé l'hiver sans feu, il ne dort plus, il désespère pour son avenir. Pour s'en tirer, il voudrait récupérer ses livres et ses manuscrits qui sont en gage, payer le reliquat des frais d'imprimerie qu'il doit (peut-être chez Lecou), rendre au chef de claque à l'Odéon les 300 francs qu'il lui a empruntés, payer son loyer et un traiteur et liquider de nombreuses petites dettes. En outre, il veut offrir une aide financière à Jeanne Duval, qui est malade. Pour faire tout cela il aura besoin de 2400 francs et il propose, pour gagner cet argent, un projet non-littéraire. En vue de toutes ces obligations, il prie Mme Aupick de lui envoyer autant d'argent qu'elle pourra. Il joint à sa lettre quelques échantillons d'un de ses livres et recommande à Mme Aupick la lecture du numéro d'octobre de la Revue de Paris, où ont paru certains de ses écrits (CPl I 210). [details]

15 XI 53 --- Décès de la mère de Jeanne Duval au nom, sans doute, de Jeanne Lemaire, au 15, rue des Moulins à Belleville. Elle avait soixante-trois ans et serait née à Nantes.(P-Z 181) [details]

26 XII 53 --- Baudelaire voudrait avoir de sa mère l'autorisation de retirer 150 francs auprès d'Ancelle, bien qu'il soit mécontent de l'attitude de Mme Aupick envers lui-même. Cet argent lui servirait à acheter des vêtements et de la nourriture et à payer l'exhumation et la réinhumation de la mère de Jeanne Duval. Cette femme, dit-il, lui a donné ses dernières ressources sans hésiter (CPl I 240). Pour apaiser sa mère, blessée par sa lettre, Baudelaire rédige, peu de temps après, une nouvelle lettre, plus aimable. La maturité aidant, il avoue mieux comprendre sa mère. Toutefois, il lui demande de bien vouloir spécifier à Ancelle qu'il doit lui remettre 150 francs (CPl I 243). [details]

31 XII 53 --- A 7h30 du matin, Baudelaire envoie à Mme Aupick deux demandes d'argent préparées pour Ancelle; elle doit en choisir une et détruire l'autre. Des 150 francs reçus d'Ancelle le 27 de ce mois, Baudelaire en a dépensé 121 pour l'enterrement de la mère de Jeanne Duval. Il lui reste 29 francs, avec lesquels il paiera de menus frais (CPl I 243). A midi, il écrit de nouveau à sa mère, disant qu'il voudrait être laissé en paix pour travailler pendant quatre ou cinq jours. Elle lui a envoyé une autorisation pour 50 francs, au lieu de 150, comme il lui avait demandé. Il change le chiffre de 50 en 150, en ajoutant un "1" pour éviter, dit-il, des complications avec Ancelle. Il a déjà donné à ce dernier un reçu pour les 150 francs. Cette somme ne suffira même pas, déclare-t-il, à acheter les étrennes qu'il doit absolument offrir à trois ou à quatre personnes (CPl I 247). Les avances faites à Baudelaire par sa mère seront cette année d'un total de 460 francs (CPl I lxxiv). La Bibliographie de la France enregistre la publication chez Lecou de Coups de plume sincères, de Paulin Limayrac (T ). On y voit un commis voyageur lisant dans un wagon les contes d'Edgar Allan Poe"...une des productions les plus originales que nous ait envoyées l'Amérique" (CPl II 899). [details]

23 II 54 --- Toujours à l'Hôtel d'York, le matin, Baudelaire adresse à sa mère une demande de 40 francs, pour payer le loyer du mois de mars. Il se rend aux bureaux du Moniteur, d'où il reviendra avant 2h. Pensant que ses affaires s'amélioreraient, il avait loué un appartement qu'il n'a pourtant pas utilisé et qu'il a maintenant abandonné. Baudelaire voudrait que sa mère vienne le voir, rue Sainte-Anne, à moins qu'elle ne soit en plein de son déménagement (CPl I 268). Ce jour-ci, Baudelaire rentre au 60, rue Pigalle (CPl I 269). On exhume et réenterre le corps de la mère de Jeanne Duval, à Belleville (CPl I 839). [details]

16 V 54 --- Baudelaire demande 1.000 francs à l'un des propriétaires du Constitutionnel comme avance sur la publication de ses écrits. On les lui refuse, à cause de l'état incomplet des manuscrits. Il doit le jour même donner une somme de 300 francs à Jeanne Duval, mais ne peut le faire (CPl I 278). [details]

1 VIII 54 --- Baudelaire écrit à Ancelle pour lui dire qu'il faudra renoncer à leur projet relatif à l'hôtel de Ville; Baudelaire doit maintenant reprendre ses occupations et ne pourra donc pas lui donner suite. Il a envoyé chez Ancelle un reçu de 100 francs, mais n'en attend de lui que 50. Ancelle lui a donné de l'argent sur lequel il a prélevé les 100 francs qu'il a remis à Jeanne Duval. Baudelaire révèle que Mme Aupick est partie sans venir le voir, dépitée sans doute par ses arrangements financiers avec Arondel. L'exemplaire du Schiller appartenant à Ancelle est retrouvé, Baudelaire le lui remettra (CPl I 286). La seconde partie du Chat noir paraît dans le Pays (T ). D'Alençon, Poulet-Malassis écrit à Asselineau et dit avoir tout récemment fréquenté assidûment le cabaret avec Baudelaire et Hippolyte Castille. Poulet-Malassis s'étonne de l'interruption au Pays de la publication des traductions d'Edgar Allan Poe et demande si Asselineau en connaît la raison. Poulet-Malassis se moque de la singularité de Baudelaire, qui semble s'intéresser plus à la couleur de la couverture d'un volume à publier qu'au volume lui-même. Poulet-Malassis révèle le désir de Baudelaire d'écrire pour le théâtre, d'où ses efforts pour "séduire les comédiens" (Richer 1-2). [details]

9 I 55 --- A cette date-là, Baudelaire avait prévu de quitter son hôtel pour vivre en "concubinage". Pourtant, puisque Marie Daubrun est partie, ce n'est ni avec elle ni avec Jeanne Duval qu'il s'installera (CPl I 300). [details]

2 IX 55 --- Dans l'Artiste, Champfleury publie "Sur M. Courbet. Lettre à Mme Sand". Il y défend l'école dite "réaliste" et essaye d'empêcher l'insuccès d'une exposition des tableaux de Courbet, qui avaient été refusés par le jury de l'Exposition Universelle de Paris. On trouve, parmi les toiles exposés par Courbet, L'Atelier du peintre, où figure Baudelaire avec (provisoirement) Jeanne Duval faisant figure de son inspiratrice. C'est contre les implications de ce tableau que Baudelaire écrira Puisque Réalisme il y a (CPl I 1109). [details]

22 XII 55 --- Baudelaire quitte le 27, rue de Seine pour s'installer 18, rue d'Angoulême (CPl I 330). Il vit avec Jeanne Duval, qui a pris le nom de Mme Lemer. Leur appartement n'est pas entièrement aménagé et Baudelaire a quitté son logis précédent dans le plus grand désordre. Il songe presque aussitôt à faire venir son tailleur, à qui il destine la plupart de l'argent de sa mère (540 francs) qu'il doit encore toucher. Il cite un projet, sans le décrire, qui entraînerait le concours de Piétri, préfet de police et de Morny, président du Corps législatif. Baudelaire signe pour Ancelle un reçu de 460 francs sur une avance de 1500 (CPl I 331). [details]

24 XII 55 --- Baudelaire écrit à Ancelle pour annoncer la visite de Jeanne Duval, à qui le notaire devra donner de l'argent. Une moitié de son appartement est installée et il est en train de se plonger dans une quantité de lectures nécessaires à la préface [Edgar Poe, sa vie et ses oeuvres] qu'il prépare à ce moment-là (CPl I 331). [details]

25 XII 55 --- Sur demande écrite de Baudelaire, Jeanne Duval touche chez Ancelle la somme de 500 francs, pour laquelle elle lui donne un reçu signé de Baudelaire. Il y joint un mot pour le notaire, avec la promesse d'aller le voir dans trois ou quatre jours (CPl I 331, 332). [details]

13 III 56 --- Baudelaire décrit pour Asselineau, dans une lettre composée à 5h du matin, un rêve érotique qu'il a eu. Sa "femme" [sans doute Jeanne Duval], l'a réveillé (CPl I 338). [details]

env 27 VIII 56 --- Après quinze jours de querelles, qu'il avoue avoir provoquées lui-même, Baudelaire et Jeanne Duval se séparent. La douleur morale causée par cette rupture cause au poète des souffrances physiques telles qu'il a de la difficulté à travailler. Pendant ce temps, il rencontre Michel Lévy qui, voyant son abattement, ne lui demande pas de continuer à fournir de la copie. Sachant qu'Ancelle passera par Bordeaux en voyage de vacances, Baudelaire lui écrit pour demander que le notaire pourvoie aux besoins matériels de Jeanne, mais la réponse d'Ancelle est plutôt négative. Craignant que sa mère ne soit malade, Baudelaire lui écrit pour avoir de ses nouvelles. Il apprend qu'elle est en bonne santé mais qu'elle est à Honfleur (CPl I 353). [details]

11 IX 56 --- Surchargé de travail, Baudelaire écrit à sa mère, à Honfleur. Il doit 200 francs à sa propriétaire, qui les lui demande pour le jour suivant; Baudelaire pense pouvoir l'apaiser avec 150. Il souffre encore beaucoup de la rupture d'avec Jeanne Duval (CPl I 355). [details]

4 XI 56 --- A l'occasion de leur fête, Baudelaire écrit à sa mère. Il est en excellente santé morale et travaille sur la préface des Nouvelles Histoires extraordinaires. Baudelaire pense toujours à Jeanne Duval mais refuse d'aller la voir, bien qu'elle soit malade (CPl I 359). Le matin, il envoie à Asselineau un mot pour lui demander de remettre au commissionnaire un franc, une paire de chaussettes, un mouchoir et une chemise (CPl I 361). [details]

13 VI 57 --- Morale du joujou paraît à nouveau dans le Rabelais. Le morceau est décrit comme extrait de Variétés et curiosités esthétiques publiées par Poulet-Malassis et De Broise, ouvrage "sous presse" (T ). Baudelaire envoie à Eugène De Broise la liste de presse des Fleurs du mal ed. de 1857: Th. Gautier; Guillaume Guizot; Sainte-Beuve; Edouard Thierry; Dalloz; Barbey d'Aurevilly; Ph. Boyer; A. De Pontmartin; L. Veuillot; P. Limayrac; Ph. Chasles; Ratisbonne; Leconte de Lisle; Ch. Asselineau; Sasanoff; Morel; Buloz; Lacaussade; A. Fould; M. Pelletier; G. Rouland; G. Rouland fils; H. de Larozerie; N.P. Willis; H.W. Longfellow; A. Tennyson; R. Browning; De Quincey; V. Hugo. Baudelaire entend changer et agrandir l'affiche annonçant son livre et demandera à M. Fowler, libraire anglais, quels journaux de son pays pourraient lui fournir de la publicité pour son ouvrage. Baudelaire promet d'écrire à Gautier à propos de la publication par Poulet-Malassis d'Emaux et camées (CPl I 406). Baudelaire a reçu 20 exemplaires des Fleurs du mal ed. de 1857 pour lui: 16 sur papier vulgaire, 4 sur grand papier (CPl I 410). Recevront des exemplaires sur grand papier: Mme Aupick; Asselineau; Delacroix; Dumas père ("l'immortel auteur d'Antony"); Champfleury; Achille Fould; Mérimée; Paul de Saint-Victor; Edouard Thierry; Walewski; Pincebourde. Il fera envoyer un exemplaire à Sainte-Beuve ("amitié fidèle"); à Chaix d'Est-Ange; à Nadar ("A mon ami Nadar"); à A. Lemaréchal (OCPl I 907). Celui de Mme Sabatier sera complété d'un dessin, qu'elle-même ou un autre y aura placé, celui de Jeanne Duval par Baudelaire. Sur ce dessin Mme Sabatier écrira: "Son idéal" (CatBN57 115). Armand Dumesnil recevra un exemplaire (`témoignage d'amitié") (Cat145 ). Celui d'Auguste Préault portera les mots: "A mon ami Auguste Préault (Cat11 ). Emile Deschamps en reçoit un également (OP II 292). Celui de Th. Gautier porte un ex-dono admiratif (OC61 1506). Murger ayant reçu un exemplaire, il adresse à Baudelaire l'invitation d'en envoyer un à la Revue des deux mondes (CPl I 933). [details]

14 IX 57 --- Mme Sabatier écrit à Baudelaire une lettre où l'indignation se mêle aux reproches. Elle croit que Baudelaire l'abandonne pour Jeanne Duval (Le Dantec B 48). [details]


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